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Où est-ce qu’on en est avec la violence graphique au cinéma ? Il faut dire qu’avec le succès récent des John Wick ou la réapparition d’un cinéma gore, via les succès inattendus des Terrifier et autres The Sadness qui semblent étancher la soif de gros rouge qui tâche, la tendance soit à la décomplexion, au second degré. Ce besoin de catharsis face à une époque particulièrement anxiogène, entre pandémie et réchauffement climatique, a entrainé un retour au cinéma d’exploitation. Conçu dans le but de rassasier les bas instincts comme les pulsions, ce genre reposant sur les excès pullula dans les années 70 et 80 pour devenir, en dépit du nez pincé des institutions, un jouissif terrain de jeu pour des films malpolis, aux manières rugueuses, prenant des libertés avec à peu près tout, y compris pour revisiter l’Histoire. Pour la version de luxe, il faut aller voir du côté du Inglorious Basterds de Tarantino.
Ceux qui toutefois trouvaient que le nouveau parrain de la pop culture se laissait aller à trop de logorrhées, seront probablement plus clients de Sisu, opus se rattachant à l’essentiel de ce qui fait les séries B d’aujourd’hui. Le film de Jalmari Helander se dégraisse de quasiment tout dans un décor quasi unique de taïga pour y installer une baston non-stop entre un papy chercheur d’or et un bataillon nazi dans la Finlande de 1944. Sisu organise donc les rounds avec sécheresse et robustesse, la machine de guerre du film étant plutôt ce colosse mutique dézinguant du soldat allemand avec tout ce qui lui tombe sous la main, d’une pioche à des mines anti-personnelles. Ça gicle dans tous les sens, mais Sisu carbure à une essence inattendue quand Helander se réclame bien moins des films de guerre fauchés ou malsains que des westerns spaghetti, voir de Mad Max. Soit une allégeance moins crapoteuse que prévu, en faisant belle révérence à ce qui à la longue est devenu les lettres de noblesse d’un cinéma jugé impur. Le carnage outrancier trouve même une inattendue solennité quand entre deux éclaboussures gores se dessinent aussi ici et là des commentaires sur une Finlande nationaliste prête à tout pour se défendre des colonisateurs ou les débuts du capitalisme marchand. Même si Sisu existe plus au nom du fun défoulatoire d’un divertissement forcément bourrin, il sait pour autant s’en distinguer, que ce soit dans ce fonds inattendu ou sa ludique inventivité dans le charclage !
En salles le 21 juin