Sans skate pas de rébellion adolescente américaine ? Le cinéma indépendant made in USA l’affirme depuis plusieurs décennies ,de Dogtown and Z-Boys à Paranoid park : le spleen des teenagers est monté sur roulettes et sur planches. Après le rock’n’roll dans les années 50, les motos dans les années 60-70, le skate est devenu l’emblème absolu de cette jeunesse.
En 2015, Crystal Moselle suivait dans le documentaire The wolfpack, une fratrie littéralement élevée par le cinéma, la voilà qui s’intéresse à une autre bande, celle de filles new-yorkaises ayant formées un crew de skateuses. Skate Kitchen s’attache plus particulièrement à Camille, qui va s’intégrer à la bande, véritable soupape pour cet ado qui supporte de moins en moins le quotidien avec sa mère.
La première séquence la voit se prendre une grosse gamelle, le reste du film racontera comment elle remonte encore et encore sur sa planche. La métaphore d’un apprentissage de la vie est évident, mais Skate Kitchen ne s’en contente pas en filmant des filles qui prennent leurs marques dans un univers masculin. Un gynécée d’aujourd’hui faisant autant dans la diversité (raciale,sociale, sexuelle) que dans la cool attitude.
Entre deux séries de figures, elles causent, de tout de rien. L’occasion pour Moselle de revenir à quelque chose d’aussi universel qu’éternel : les aspirations comme les angoisses des ados. Skate Kitchen capte cet air du temps, comme Larry Clark le fit avec Kids. Moselle filmant cette communauté avec plus de tendresse. Pendant que Clark cherchait ce qui se passait dans des slips et culottes, Moselle sonde les âmes pour une sociologie moins trash.
Ainsi, lorsque Camille parle de « la solitude qu’il lui arrive d’éprouver dans une pièce bondée de monde », Skate Kitchen confirme ce qui y est filmé au-delà d’une contre-culture : les gamelles et les bleus que se prennent cette génération mais plus encore cette capacité à les encaisser, voire à rendre les coups.
En salles le 30 janvier.
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