Il fête cette année ses 40 ans, l’album The Age Of Consent, que l’on connait surtout pour son titre qui a conquis toutes les enceintes en 1984 : Smalltown Boy. Une track ultra gay d’un groupe qui fait partie de cette vague d’artistes qui, en l’espace des 12 mois de 1984, a fait sortir la pop du placard.
L’album est symbolisé par un morceau, peut-être le titre le plus Gay de l’histoire de la musique moderne…
« Smalltown Boy », de Bronski Beat, fête ses 40 ans cette année, et il ne cesse de renaître tel un phœnix immortel. Il y a quelques années, il était remixé par Arnaud Rebotini, dans le splendide film sur l’histoire d’Act-Up Paris, 120 battements par minute…
Cette année, c’est sur Tik Tok que retentit le single, dans une “trend”, une mode : des jeunes mettaient ce son à fond et demandaient à leurs parents de danser, illustrant les déhanchements si particuliers des années 80.
Une fois de plus, le titre fait peau neuve, avec une reprise sortie il y a quelques jours, signée de Perfume Genius et des Knocks.
L’histoire de Smalltown Boy : fuir pour exister
Smalltown Boy, ce sont Jimmy Somerville, Larry Steinbachek et Steve Bronski. Ils sont, comme tous les gays et lesbiennes du pays, étouffés, et cherchent à échapper à la petitesse d’esprit et aux rares soirées gays mal fréquentées des vieux pubs. Ils fuient leurs villes natales pour Londres. Et c’est ce que raconte leur plus gros succès « run away, run away« . Le clip met en scène ce personnage d’une petite ville qui se fait agresser par un groupe de jeunes homophobes et est ramené chez lui par la police. C’est là que sa famille, au lieu de le réconforter, le soutenir, l’expulse du foyer familial. Plus qu’une solution : « Run away, run away, run away… ».
Authentiques et politiques
Bronski Beat connaît vite le succès et sortent leur premier album The age of consent en octobre 1984, en étant déjà signés chez un gros label : les London Records. Ce qui est révolutionnaire, en 84, c’est que le trio s’affiche comme gay sans passer par les détours de l’extravagance d’un costume et du maquillage, comme le faisaient les groupes ouvertement gays de l’époque. Bronski Beat ne sont pas lookés du tout, et ressemblent aux millions d’hommes “lambda” qui s’avèrent aimer d’autres hommes. « Les farouchement politiques Bronski Beat prouvèrent qu’il n’est pas nécessaire de s’habiller pour montrer sa sexualité et que se ressembler, simplement, était une déclaration politique en soi. » analyse Ian Wade, auteur de 1984, The Year Pop Went Queer.
L’autre nouveauté, c’est qu’ils étaient politisés. Ils parlaient du nucléaire, de grèves des mineurs, et d’homosexualité. Ils avaient par exemple fait graver le numéro vert d’aide gay de Londres au creux du sillon intérieur du vinyle du single Smalltown Boy. Dans la pochette de l’album qui sortira quelques mois plus tard, est dressée une liste des âges, à travers différents pays, auxquels les relations homosexuelles étaient autorisés. En 1984, la France vient tout juste d’aligner l’âge de la majorité sexuelle pour les relations homosexuelles sur celle des relations hétérosexuelles (18 ans, donc), mais en Angleterre, les relations hétérosexuelles sont autorisées dès 16 ans, mais celles homosexuelles sont fixées à 21 ans minimum.
L’album est un condensé d’hymnes gays. Notamment le deuxième single sorti peu après Smalltown Boy, « Why », qui va aussi rentrer dans de nombreux Top 10 européens.
On peut aussi citer leur reprise du titre « I Feel Love » de Donna Summer, artiste qui avait eu des propos homophobes par rapport au sida, en performant cette musique sur scène. Résultat : gros succès, l’album se hisse à la 4ᵉ place des classements au Royaume-Uni.
The Age Of Consent souffle sa bougie avec une réédition
L’anniversaire n’est pas terminé, on aura carrément une réédition de l’album, prévue pour le 18 octobre prochain.
1984, l’année ou la pop est sortie du placard
Ce single laisse une marque indélébile dans l’histoire de la pop, c’est toute l’année 84 qui a marqué l’histoire de la Pop. On retrace ce phénomène dans le passionnant livre du Britannique Ian Wade, 1984 l’année où la pop est devenue queer, sorti cet été. Avec des noms comme Queen, George Michael, David Bowie, Pet Shop Boys, Frankie Goes to Hollywood… Un ouvrage important qui retrace comment, en douze mois, la pop est « sortie du placard ».