Chaque soir à 18h, Marie Bonnisseau accueille dans « Super Nova » notre grande famille toasteuse, bande d’humeuristes et d’humoristes, décodeurs de signaux faibles. Avec en tête de file, branché sur courant alternatif, Martin Dust.
Auteur, chanteur, interprète, fondateur du Cabaret de Poussière à Paris, Martin Dust, Parisien dans le cœur et dans l’âme, plonge dès l’âge de 15 ans dans une vie rythmée par les soirées cabarets, l’activisme, le voyage. Une vie qu’il n’a jamais vraiment quittée. Rencontre avec le nouveau toasteur de Radio Nova, qu’on retrouve en direct tous les lundis dès 18h dans Super Nova.
but still, like dust, i’ll rise
Sur son bras gauche, inscrit à l’encre noire, Martin Dust porte ces mots : « but still, like dust, i’ll rise » en français « mais pourtant, comme la poussière, je m’élève ». Parce qu’il a toujours su qu’il y avait un ailleurs, plus loin, autre chose qui l’attendait, le jeune homme emprunte le chemin de l’art et de la vie bohème dès 15 ans. Inspiré par Maya Angelou (grande poétesse américaine et figure importante du mouvement américain pour les droits civiques), il apprend très jeune à parler de lui-même, à se sublimer, sans excuse ou distorsion du réel.
David Bowie est son autre grande idole. Son personnage Ziggy Stardust surtout. « J’ai toujours eu l’impression d’être quelque chose qui n’existait pas, qui n’existait nulle part », confie Martin Dust, ce jeune homme qui parle beaucoup, mais rarement pour ne rien dire (Martin discute, mais ne bavarde pas), et qui fait jaillir les idées, les contres-idées et le reste avec une fulgurance remarquable.
« “Lady Stardust” de Bowie est une chanson toujours aussi pertinente pour moi. Autant quand je l’écoutais à 17 ans, qu’aujourd’hui. Ce mot “poussière” est génial. C’est rien et à la fois, c’est une accumulation de plein de petites choses, comme au cabaret. »
Déscolarisé très tôt, il a fui sa famille et sa maison pour l’indépendance, les manifestations et les squats parisiens. Une vie politisée, pour laquelle il se forme aux côtés de personnalités comme Hélène Hazera en rejoignant Act’up, l’association militante de lutte contre le Sida. « Toutes les personnes qui m’ont formées, m’ont fait lire, travailler, penser et ont cherché à pousser mon raisonnement. ».
Selon lui, après des formations de musiques, de théâtre, la lutte contre le VIH fut la meilleure école. « Là-bas, soit tu es précis, soit tu fermes ta gueule. Quand je donnais mon avis, on me disait : “Ah oui ? Pourquoi ? Ça te semble pertinent ? Qu’est-ce que tu veux dire, qu’est-ce que tu défends ?” », s’amuse le jeune homme, en se remémorant cette époque.
Quitter Paris pour mieux la retrouver
À 17 ans, sa prof de chant lui annonce qu’avec la tessiture de voix qu’il possède, il sera très bon chanteur. Seulement, la mue ira jusqu’à 25 ans et d’ici là, cette voix basse sera difficile à dompter. Pour patienter et par goût de la découverte, Martin Dust voyage en Amérique du sud, en Allemagne. « Il faut partir de chez soi et voir ce qu’il y a ailleurs, ça devrait être un droit inaliénable, il y a quelque chose de très humain là-dedans ». Après plusieurs années de vie nomade et d’aller-retours, c’est l’amour de Paris qui lui saute aux yeux, au cœur. « J’aime Paris, je me sens très parisien », affirme-t-il avec un large sourire. Selon lui, Paris est un voyage, le monde entier s’y trouve.
Parisien, populaire, jazz/punk et comme ta mère : pluridisciplinaire.
Le jeune artiste entend parler d’un squat près de Bastille à Paris. Il est alors âgé de 27 ans. Il contacte quelques amis, demande de l’aide par-ci, par là, fait construire une petite scène en palettes, récupère des spots dans les salons des copains pour la lumière, publie un visuel fait main par une amie sur Facebook. « Spectacle au chapeau, c’est gratuit, venez, spectacle au chapeau, c’est à Bastille, spectacle au chapeau ! ». Ce soir-là ils étaient huit sur scène, et ont tous pu se rémunérer cent euros chacun. « Je n’ai jamais compris, mais cela a duré six mois, et c’était toujours complet ». Le Cabaret de poussière est né là-bas, dans un squat, à Bastille. Très vite, ils migrent dans un nouveau lieu, une mezzanine d’étage avec une scène de deux mètres carré. Une acrobate se contorsionne autour d’un piano et de Martin, au micro. Le show est bancal, risqué, incroyable, « J’en suis fière, c’était monstrueux, c’était plein à craquer. ». Son cabaret à lui ? « Parisien, populaire, jazz/punk et comme ta mère : pluridisciplinaire. ».
Paris c’est une ville d’artistes, de hippies crades dégueulasse
Loin du Paris bourgeois et chic des films romantiques et des séries télé, Martin Dust souhaite valoriser le Paris qu’il vit et qui existe vraiment. Selon lui, « Paris, c’est une ville d’artiste, des hippies crades dégueulasse (…) Le cabaret parisien est politique, il l’a toujours été. ». Emporté par la passion qui le nourrit, Martin Dust s’élance dans l’historique du cabaret parisien, une histoire qu’il maîtrise comme il en maîtrise, école (assidue) de la rue oblige, tant d’autres.
1784, Marie-Antoinette, « Il pleut, il pleut bergère », cette opérette qui sera chantée dans tous les cabarets par des hommes déguisés en femmes. « Le cabaret est le lieu politique par excellence. Par exemple, c’est le refuge de survie des femmes à barbes, ailleurs elles sont tuées, violées. Dans les cabarets, elles sont applaudies. ».
À 30 ans, parisien affirmé, artiste exalté, passionné d’histoire (il évoque Marie-Antoinette, Napoléon Bonaparte ou l’histoire des Grands boulevards comme d’autres parlent du beau temps), Martin Dust s’empare du micro de Nova tous les lundis, pour porter un Toast à l’actualité, un petit grain de folie, une dose de révolte. « Vu que les politiques nous volent notre gagne pain (…) et se comportent comme des clowns, nous les clowns, on est obligé de prendre les choses sérieusement. », disait-il à l’antenne dans son Toast “Alors c’est qui, les sauvages ?, début septembre, paraphrasant Coluche. Il s’attaque à Valeurs Actuelles, ironise sur les mots qu’utilise Nicolas Sarkozy chez Quotidien, ou, comme il l’appelle, « celui qui, voulant devenir la fusion de Malraux et De Gaulle, est devenu l’oncle lamentable et raciste qui nous colle la honte dans les repas de famille. ». Martin critique, analyse et réponds, à sa manière. Du cabaret à la radio, il n’y a qu’un pas ? Peut-être bien, pour Martin, qu’il n’y en a même pas du tout.
Le Toast de Martin Dust, à retrouver le lundi à 18h dans Super Nova, en podcast et en vidéo sur les réseaux sociaux de Radio Nova.
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