Rencontre avec le songwriter protéiforme.
Son Lux est de passage à Paris pour le Mo Fo’ Festival, son dernier album Lanterns avait laissé pantois, chancelant devant la quête esthétique du songwriter. Ryan Lott de son vrai patronyme redouble d’inventivité dans les arrangements, tendant vers Radiohead, mais un radiohead de l’intime, pas celui des stades. Très voire trop talentueux, Son Lux était destiné à la musique, reste à savoir maintenant ce que la musique lui destine.
Lanterns est ton 3e album, quel était ton état d’esprit lors du processus de création, comment es tu parvenu à cette atmosphère que l’on ressent sur le disque?
Mes moments préférés sont quand je suis seul en studio. C’est un processus méditatif. Je commence avec un tout petit son et j’avance pas à pas pour que la chanson se laisse découvrir. Je n’ai pas vraiment de ligne directrice en tête, seulement quelques règles auxquelles je m’astreins. En fait ces règles définissent les paramètres de mes explorations sonores et laisse infuser la suprise au fur et à mesure de la conception.
Dans quelle mesure penses-tu qu’il y a une évolution dans ta musique, sortie après sortie.
Avec chaque nouveau disque, j’invite plus de personnes à participer au disque. At War With Walls and Mazes était presque intégralement une aventure solitaire, et pour We Are Rising, j’ai invité quelques voix à prendre part aux morceaux ainsi qu’un ensemble de musique de chambre. Mon premier et mon dernier disque sont assez similaires dans le sens où ils ont été tout deux conçus pendant longtemps au fil de plusieurs années. We Are Rising est assez singulier puisqu’il a été créé intégralement en 28 jours.
Tu es maintenant installé à New York, est ce que cette ville, sa musique et son histoire, t’ont inspiré? As-tu le sentiment de prendre part à son héritage musical?
Il n’y a rien qui ressemble à New York, la juxtaposition de million de petits bouts sans liens les uns aux autres, la rencontre de l’immonde et du sublime… Ces choses là m’inspirent. Si tu gardes l’oeil ouvert, des choses se révèlent à toi que tu n’aurais jamais imaginé pouvoir voir.
Tu as aussi un projet parallèle, Sisyphus, avec Sufjan Stevens et serengeti, orienté hip hop, as-tu besoin d’être impliqué dans d’autres façons de travailler et de créer, de toucher à d’autres genres aussi?
J’aime tout ce qui est collaboratif et tout type de collaborations. Sysiphus est particulièrement fun parce que nous sommes tous des musiciens très différents. Nous pensons de façon fondamentalement différentes. Donc nous nous sommes nourris et influencés les uns les autres et le résultat au bout à une saveur unique.
Et comment a commencé cette collaboration?
Le premier EP Beak & Claw a commencé quand Sufjan avait composé des Beats complètement fous pour un album de Serengeti mais ils étaient trop bizarres pour la couleur de l’album donc ils m’ont demandé de retravailler l’un d’entre eux, chose que j’ai faire et tout le monde a adoré le résultat, d’où l’idée de créer notre propre projet.
Et comment parvenez vous alors à mélanger toutes ces influences et ces inspirations de vous trois?
Pour le nouveau disque, nous nous sommes installés ensemble pour de très courtes périodes de temps, et faisions tout de concert, la plupart de nos meilleures idées sont venues sur place, en buvant beaucoup de vin et avec de la mauvais bouffe.
Quand on écoute ta musique on l’impression qu’elle tend vers quelque chose de presque spirituel, c’est quelque chose que tu cherches à atteindre?
Faire de la musique est un exercice spirituel pour moi, je suis attiré par les qualités transcendantales de la musique, mais je ne dirais pas que je travaille dans le but de surfer sur ce sentiment, franchement j’essaie juste de faire la musique la plus belle et la plus honnête que possible.
Avant le début de cette tournée tu n’étais pas très friand des concerts, est -ce que Lanterns t’a fait changer de perception?
En effet depuis que je suis en tournée, j’y prend un plaisir immense, c’est la première fois que j’associe une vraie tournée à la sortie d’un disque, et le travail pour présenter ce concert était formidable. J’ai le groupe qui m’accompagne et je m’amuse encore plus que ce que je croyais!
Son Lux vient d’ailleurs de sortir un nouveau clip, pour son très beau titre « Alternate World » : entre Normandie, amour fou et pluie de larme. Il est réalisé par ChezEddy et vaut vraiment le coup d’oeil :