Pourquoi s’emballer pour SOS Fantômes : L’Héritage ? Peut-être parce qu’entre temps, un véritable fantôme s’est emparé de la culture pop américaine, la nostalgie du cinéma un peu potache, un peu transgressif, jamais lisse.
Je n’ai jamais vraiment compris la hype qui s’est maintenue au gré des années autour de Ghostbusters (oublions son redoutable titre français, SOS fantômes). À l’époque, en 1984, je m’étais passablement ennuyé aux aventures d’une bande de scientifiques un peu branleurs qui se reconvertissaient en chasseurs de fantômes.
Certes, il y avait bien le côté rigolo d’un bonhomme chamallow géant ou d’un ectoplasme vert bouffeur de saucisses. Mais pour le reste, Ghostbusters allait plutôt à rebours d’un mouvement de fond du cinéma familial hollywoodien, qui grâce aux productions Amblin, la société de Steven Spielberg, essayait des Goonies à Roger Rabbit, L’aventure intérieure ou Gremlins de le faire un peu dérailler. Là où Ghostbusters faisait marche arrière en ressuscitant sous couvert de film fantastique, les comédies romantiques des années 40, forcément inintéressantes pour un ado des années 80.
Alors, pourquoi s’emballer pour SOS Fantômes : l’héritage ? Peut-être parce qu’entre temps, un véritable fantôme s’est emparé de la culture pop américaine, justement la nostalgie du cinéma façon Amblin, un peu potache, un peu transgressif jamais lisse.
Ou parce que cette réinvention de Ghostbusters prend finalement à rebours son matériau originel. Par exemple en déplaçant la chasse aux spectres de New York à un coin perdu de l’Oklahoma et du coup se débarrassant d’une pose un peu frimeuse. Mais surtout parce qu’il ramène cet univers de film d’aventure à sa bonne échelle : le film de 1984 reposait essentiellement sur des adultes qui voulaient continuer à jouer comme des enfants, celui d’aujourd’hui suit des enfants qui se retrouvent avec une mission d’adultes en devant sauver le monde.
Il n’est pas anodin non plus que ce soit Jason Reitman, fils d’Ivan, le réalisateur du premier Ghostbusters qui se retrouve derrière la caméra. SOS fantômes : l’héritage ne se contente pas de remplir un cahier des charges, mais bien de raconter comment, si le monde continue de tourner génération après génération, celle d’aujourd’hui n’arrive pas à se trouver de modèle contemporain.
Même s’il est très divertissant quand il joue la carte de l’action, SOS Fantômes : l’héritage n’est jamais aussi bon que quand il n’essaie pas de relancer une franchise, mais justement de remiser autant que se peut ses propres fantômes au placard pour un regard plus intime, moins désinvolte, sur une famille américaine paumée loin de ses repères habituels, qui doit solder les comptes d’un abandon paternel.
Reitman Jr. a beau multiplier les citations du film de son père, jusqu’à quasiment en faire le remake dans sa dernière partie, ce n’est pas tant la nostalgie des années 80 qui met ici la larme à l’œil que de voir un fils qui accepte la transmission de flambeau tout en revendiquant à la fois son indépendance et la part d’enfance qui subsiste en lui.