Experimental Electronic & Acoustic Soundscapes 1961-1988.
La génération des 20 ans en 1970, a été frappée par le rock allemand, ou planant, au début des années 70 : Klaus Schulze, Popol Vuh, Tangerine Dream, Ash Ra Temple, bien sûr Can et Neu… Avec en prime la claque Kraftwerk dès 1973…
Il y avait aussi les répétitifs Terri Riley, et La Monte Young, côté américain, avec une tendance minimaliste, ou encore Mike Oldfield qui fit la fortune du label Virgin, avec Tubular Bells, tube anglais. (L’exorciste…)
Suite au Pink Floyd, au Rock progressif (symphonique), la pente Electronique-Synthétiseurs avait ouvert une faille dans la boîte de Pandore.
Mais en réalité, les musiques concrètes, atonales, expérimentales, avaient débuté avant, dans les années soixante, avec nombre de passionnés de bidouillages de sons, de cassettes, de bandes, de boucles, et tout ce monde de « Geeks », trafiquant de bruits, allait s’éparpiller dans les musiques de films, bande-son pour expos, plages auditives pour méditations et ashrams.
Le label Soul Jazz Records sort une compile de treize morceaux d’une série de compositeurs de cette mouvance New Age, qui a beaucoup flirté avec les clichés de l’espace, les planètes, la science-fiction, et toutes les utopies galactiques de l’homme du futur…
On y trouve Américains (majoritaires), mais aussi un Italien (Banfi), un Grec (Iasos) et même un Français, Richard Pinhas (groupe Heldon, ou Norman Spinrad participa), et l’Anglais Tim Blake, qui officia avec le groupe Gong, puis Crystal machine (avec Patrice Warrener, français).
Cette passion internationale pour les ronflements, glissendos, vagues, plages, nappes et tous les effets , dits « atmosphériques », aura eu plusieurs époques, puisqu’on va les retrouver fin 80 dans les raves parties, pour le Chill Out, la Transe, les Balearic music… comme vous voulez.
Il y a le côté musique relaxante, étirée, qui a engendré toute la mythologie post Psychédélique, des centres de méditation, d’alignement des chakras, de karma bienheureux et aussi cet accord avec l’univers, d’une humanité « réaccordée ». Le trip New Age a vécu, et toutes ces musiques en sont les tentatives d’illustrations sonores…
Le côté intellectuel, philosophique, scientifique, sérieux… est induit par la technologie, les outils et parfois les diplômes de ces « chercheurs en sons », aux prises avec de nouvelles approches de fabrication, d’étirement, de distorsion, de nouveaux sons, sans rapport avec le passé.
Les documentaires sur la nature, l’espace, mais aussi des films comme Dune ou 2001, en ont fait leur image de marque sonore, et on regrette que les grands magasins et aéroports n’aient pas su, plutôt que leur muzak , faussement moderne, eux aussi s’aligner sur le planant, finalement bien plus agréable à long terme.
Space, Energy & Light. Experimental Electronic & Acoustic Soundscapes 1961-88. 13 tracks . 80 mn + un Livret de 20 pages avec photos sur chaque compositeur. Soul Jazz Records. Juin 2017
Image à la Une : Tim Blake