Mais l’entreprise a déjà été accusée de plein d’autres choses au cours des dernières années.
Chaque semaine, Thomas Zribi fait sa chronique internationale dans Plus Près De Toi. La voici.
Je voudrais revenir sur l’affaire Starbucks, encore une affaire Starbucks, qui a eu lieu cette semaine, vous en avez peut-être entendu parler.
Je vous rappelle les faits.
Ça s’est passé jeudi dernier, dans un café Starbucks de Philadelphie.
Une cliente filme l’arrestation par la police de deux hommes noirs qui étaient assis à côté d’elle.
@Starbucks The police were called because these men hadn’t ordered anything. They were waiting for a friend to show up, who did as they were taken out in handcuffs for doing nothing. All the other white ppl are wondering why it’s never happened to us when we do the same thing. pic.twitter.com/0U4Pzs55Ci
— Melissa DePino (@missydepino) 12 avril 2018
Dans cette vidéo, on voit plusieurs policiers passer les menottes à ces deux clients noirs, qui restent calmes. Les autres clients protestent, expliquent qu’ils n’ont rien fait, mais les deux hommes sont tout de même emmenés au commissariat. Ils seront relâchés peu de temps plus tard.
C’est la gérante qui a appelé la police, elle reprochait aux deux hommes de ne pas consommer, alors qu’ils attendaient un ami avant de commander.
Évidemment cette même gérante n’appelle pas la police dès que des clients ne consomment pas.
La conclusion des millions de personnes qui ont vu cette vidéo sur Internet, c’est que le personnel et la police ont eu un comportement raciste vis à vis de ces clients.
Deux jours plus tard, nouvelle affaire : un jeune homme noir demande le code des toilettes à la gérante d’un autre Starbucks en Californie, qui refuse de lui donner sous prétexte qu’il n’a pas encore consommé. Lui aussi filme la scène et démontre qu’elle vient de donner le code à un autre client blanc, qui lui non plus n’avait pas consommé.
Deux scandales en deux jours, deux accusations de racisme, qui ont conduit de nombreux internautes à appeler tout bonnement au boycott de la chaîne.
Et ce que j’ai réalisé c’est que Starbucks est la cible d’appels au boycott quasiment tous les ans, et pour des raisons très différentes.
Je vous invite à faire ce que j’ai fait moi-même hier sur mon ordinateur : vous tapez Starbucks et scandale sur Google, et vous tombez sur des dizaines d’articles racontant à quelle point la chaîne de cafés se comporte mal : une caméra cachée dans les toilettes, un taux de sucre trop important dans les cafés, trop de glaçons dans les boissons fraiches, un mauvais traitement des salariés, un système d’évasion fiscale.
Mais c’est surtout sur le terrain politique que Starbucks est régulièrement attaqué.
Et ce qui est intéressant c’est que la droite américaine autant que la gauche accusent la marque de représenter tout ce qu’elles détestent.
D’un côté on reproche à Starbucks d’être le symbole du libéralisme, du conservatisme, et de l’exclusion.
Comme dans l’affaire de racisme de cette semaine.
C’est ce qui s’est passé également en 2016, quand l’entreprise ouvre un café à Ryad, en Arabie Saoudite, interdit aux femmes. Déjà à l’époque un appel au boycott est lancé.
La direction de Starbucks s’excuse, et explique qu’elle n’a pas le choix et doit respecter les lois du pays.
D’un autre côté Starbucks est accusé d’être un repaire de gauchistes pro homosexualité. Et là c’est l’Amérique conservatrice et religieuse qui s’en prend à la marque.
Écoutez par exemple cet extrait d’une vidéo.
Pour ceux qui ne parlent pas anglais, je vous traduis : le pasteur Manning, un religieux américain, accuse sérieusement Starbucks de verser des échantillons de sperme dans ses cafés Latte. Je précise tout de même si jamais il y en a qui doutent, que c’est faux…
C’est une vidéo qui date de 2014, peu de temps après que Starbucks a célébré ouvertement la gay pride, et a soutenu le mariage homosexuel.
Là encore de nombreux clients avaient appelé au boycott.
Encore une autre affaire en 2015 : sur les gobelets de fin d’année, Starbucks ne fait aucune référence à la fête de Noël.
Les religieux protestent, Starbucks déteste Jésus, crie un évangéliste célèbre, et Donald Trump, déjà lui, appelle au boycott de la chaîne.
Et enfin dernière affaire en date : l’année dernière Starbucks annonce vouloir embaucher 10 000 réfugiés à travers le monde, suite au décret anti immigration pris par le tout nouveau président Donald Trump.
Les pro Trump appellent donc, encore une fois, au boycott, il y a même un #boycottStarbucks qui est diffusé.
Bref, appeler au boycott de Starbucks c’est devenu semble-t-il une tradition aux États-Unis, quelque soit votre bord politique.
En revanche la réaction de la direction montre de quelle côté elle penche : quand la droite américaine l’attaque, elle ne change pas de position. Les gobelets de Noël n’ont pas été modifiés, Starbucks soutient toujours le mariage homosexuel et les réfugiés par exemple.
Mais les accusations de racisme, elles, ont eu un tout autre impact.
La direction a annoncé hier que ses 8000 magasins américains fermeraient l’après-midi du 29 mai prochain. Tous les salariés suivront une formation consacrée au racisme, afin d’empêcher à l’avenir toute forme de discrimination dans ses magasins.
Visuel : (c) Getty Images / Horacio Villalobos – Corbis