Pour ouvrir la treizième édition du Festival Relâche (dont on vous reparle ici-même très bientôt), quoi de mieux qu’un avant-propos en forme de clé de soul. D’un Summer of Soul (Or, When the Revolution Could Not Be Televised). Au cinéma, donc, comme de juste.
Sur les écrans de l’Utopia, Allez les Filles projettera ce splendide documentaire réalisé par Ahmir « Questlove » Thompson, le batteur et maître-d’oeuvre des Roots. Un véritable morceau d’Histoire, de luttes, de couleurs et de musiques, reconstitué à partir des dizaines d’heures de rushes amassés par Hal Tulchin, l’un des organisateurs de ce gigantesque Harlem Cultural Festival ’69, dont Thierry Paret vous causait d’ailleurs récemment dans le poste.
Pendant six weekends consécutifs, grâce à quelques appuis politiques (celui du maire de New-York John Lindsay) et le soutien d’une marque de café soluble, défilèrent au Mount Morris Park (devenu depuis le Marcus Garvey Park) une invraisemblable noria d’icônes et d’artistes soul, funk, blues, parmi lesquel.les – attention, prenez votre souffle – la « Divine » Nina Simone, Sly & The Family Stone, Stevie Wonder, The 5th Dimension, Mahalia Jackson, The Staple Singers, David Ruffin des Temptations, Babatunde Olatunji, Gladys Knight & The Pips, Mungo Santamaria, Ray Barretto, B.B King ou encore Hugh Masekela. Un ahurissant Hall of Fame afro-américain concentré dans l’ouverture d’une même fenêtre spatiotemporelle, ouvrant sur les combats pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam.
Éclipsé jusqu’à récemment par Woodstock côté blanc, par Wattstax côté noir, deux festivals à la communication mieux rodée, au marketing plus agressif, le Festival de Harlem est pourtant l’un de ces incandescents chaudrons où bouillonne l’esprit d’une époque, se cristallise la fièvre des utopies multiraciales et des révoltes qui grondent, des chemises à jabots canari et des poings gantés, des drogues et des solidarités, des grooves cuivrés et des assassinats politiques (Luther King, Malcolm X, Fred Hampton …), des rassemblements contre-culturels et de la blaxploitation à venir.
À renforts foisonnant d’anecdotes, de témoignages et d’images trop longtemps restés dans les placards, Summer of Soul nous emmène fissa à la capitale jonction des 60s et des 70s – un intervalle tendu, trépidant, chamarré, où tout pourrait basculer, pendant deux heures passionnantes. Ce n’est pas pour rien si le film a ramassé plus de récompenses, de statuettes et de trophées qu’un.e frontalier.e pyrénéen.ne ne prendrait de cartouches Marlboro aux ventas espagnoles : Grammy Award, British Academy Film, Sundance (jury et public), j’en passe et des meilleures, jusqu’à l’Oscar du meilleur documentaire, qu’il a aussi obtenu.
Cette projection en séance unique sera en outre agrémentée, dans le hall, par les cargaisons de microsillons millésimés, hard-soul Stax, funk Motown, rhythm’n’blues uptempo, spoken word afrocentré, joués par Francis « Feel Good » Vidal, l’inénarrable manitou de Relâche, préposé aux platines.
Grands princes, la Radio Nova Bordeaux vous offre des places pour cette soirée cinéphile et hyper-soul, au diapason d’Harlem. Pour composter son billet, ça se passe ci-dessous avec le mot de passe Nova Aime.