Le collectif sort son premier album ce vendredi.
L’histoire traditionnelle veut que des amis ou connaissances se découvrent, généralement parce qu’ils vivent dans le même périmètre, une passion commune pour la musique. Une passion qui les conduit, généralement, à mener leurs premières expérimentations musicales en chambre ou en garage, avant d’écumer, généralement toujours, les scènes locales jusqu’enfin, pour certains, se faire repérer par une maison de disques. Il se trouve que Superorganism ne fait absolument pas dans la généralité, car on ne vous apprend rien, mais Internet a évidemment bousculé la manière dont les groupes se forment, leur permettant de produire à distance mais surtout en facilitant les rencontres.
On pense au groupe qui s’est lui-même autoproclamé « le premier groupe d’Internet », les Brockhampton, qui se croisent pour la première fois en 2010 sur un forum dédié à Kanye West. De la même manière pour les Superorganism, tout commence sur des forums, avant que la sortie (sans réelles attentes au départ) de leur premier single « Something For Your Mind » rencontre un succès énorme, qui les pousse à se réunir, physiquement cette fois, dans une petite maison du sud de Londres. Leur premier album, qui lui aussi s’appelle Superorganism, sort ce vendredi et tout de suite, Internet nous effraie beaucoup moins.
L’album des Superorganism se lance sur un morceau intitulé « It’s All Good », qui pourrait presque être la métaphore de ce projet, celle de l’histoire du groupe aussi. « Tout va bien », c’est le titre du réconfort, de l’espoir, de la prise en main, celui d’un groupe de jeunes bourrés de bonnes ondes. Orono, Harry, Emily, Ruby, B, Robert, Tucan et Soul viennent des quatre coins du monde, des UK, d’Australie, du Japon ou encore de Nouvelle-Zélande. Ils se rencontrent sur des forums de musique, et c’est un match.
« Chaque membre du groupe a un super-pouvoir »
Six d’entre eux décident d’aller s’installer à Londres pour composer ensemble. C’est là-bas qu’ils produisent les premières esquisses d’un nouveau projet commun, avec l’addictif « Something for your MIND ». Ils décident de l’envoyer à Orono, elle est installée dans le Maine aux USA. En moins d’une heure, celle qui est aujourd’hui la chanteuse du groupe du haut de ses 18 ans, renvoie le morceau, avec des paroles et sa voix posée dessus. Pour tous, le ton est trouvé, le groupe est formé. Une fois sur internet, le morceau rencontre un succès fulgurant. Frank Ocean le joue dans son émission Blonded RADIO. Joe Goddard du groupe Hot Chip lui offre son premier remix. Superorganism attire l’attention du label anglais Domino (Four tet, Arctic Monkeys, Animal Collective, pour ne citer qu’eux), qui décide de les signer.
De passage dans le Nova Club, cette joyeuse bande raconte son quotidien. « Tout se passe entre les quatre murs de notre maison, pour l’instant on n’a pas de producteur ». Un fonctionnement en vase clos, déconnecté de l’effervescence musicale londonienne. « On ne connaît pas vraiment la scène londonienne. » Leur force, des « super-pouvoirs » et des compétences individuelles qui leur permettent de fonctionner de manière indépendante.
Dans leurs chambres respectives, l’un compose, l’autre s’occupe des vidéos, avec pour ligne directrice, de la fraîcheur et du fun. Et ça fonctionne. Les dix morceaux de cet album mêlent des guitares lascives, des synthés bizarroïdes, des bruits de pommes mastiquées, d’ouverture de canettes, pour des prods catchies et entêtantes, sur lesquelles viennent se poser la voix innocente d’Orono (et ses paroles qui parfois le sont moins), pour une rencontre entre les Moldy Peaches et Pavement. Car malgré l’enthousiasme du groupe vis-à-vis d’Internet – « on existerait pas sans ça » – ils plaident aussi pour la déconnexion, notamment dans le morceau « Reflections On A Screen », « There’s something so affecting / In the reflections / On my screen » et son clip avec des écrans dans tous les sens.
Avec ce premier album, Superorganism dépasse le stade de la sensation, maintient l’intrigue, et surtout, nourrit la fascination.
Nous vous offrons des exemplaires de l’album. Le mot de passe est sur le 36 15 NOVA AIME.
Visuel : © Johnny Birkbeck