Programme court disponible en ce moment sur Arte.tv, “Music Queens “regroupe et décrypte des tubes girl power de la pop en passant par la variété française.
Qu’est ce qui lie « Balance ton quoi » d’Angèle, « Ain’t Got No/i Got Life » de Nina Simone et « African Reggae » de Nina Hagen ? C’est ce que vous propose de découvrir Music Queens, série d’animation disponible depuis lundi qui propose une relecture féministe de titres phares de la pop. En commençant dans les années 60 avec les Ronettes ou Françoise Hardy, le programme déroule une galerie de portraits qui nous emmène jusqu’à la fin des années 2010, incarnées par Christine and The Queens ou Sia.
Réalisée par l’autrice Rebecca Manzoni accompagnée d’Émilie valentin, la mini-série est mise en images par la dessinatrice de BD Leslie Plé dont le trait rend un hommage plein d’humour aux chanteuses qui ont marqué l’histoire de la pop. On dévore compulsivement ces épisodes de trois minutes, augmentée des voix d’Izïa Higelin et Aïssa Maïga qui, avec l’ambiance sonore, musicale et libératrice, incarnent ces pastilles engagées consacrées à ces femmes qui ont utilisé leur art comme véhicules de leurs idéaux. C’est l’occasion de re-découvrir des artistes qu’on connaît mal ou de voir sous un nouveau jour celles dont on récite par cœur les chansons.
La bande-son des luttes féministes
Le programme recontextualise des sons pour ce qu’ils sont vraiment, c’est-à-dire des miroirs de leur époque et des bouleversements sociétaux qui les ont marqués. La série nous balade d’époque en époque, et chaque portrait est ainsi resitué pour mieux comprendre les enjeux évoqués, des actualités entourant la sortie des morceaux, à l’état d’esprit des interprètes, jusqu’à leur traitement médiatique parfois méprisant, souvent représentatif de la place des femmes dans la société.
La galerie de personnages est vaste, et les angles variés. On se remémore le premier succès majeur de Debbie Harry, du groupe Blondie, qui inonde les ondes en 1979 avec « Heart Of Glass », ce morceau dont les lyrics retournent la thématique bien connue du désamour, et en fait un tube émancipateur. Lorsque l’opinion publique s’empare de la question de l’IVG et que l’on débat de la souveraineté des femmes sur leur corps à la télévision, Anne Sylvestre écrit un texte sensible et poétique sur le choix d’avorter. « Non, tu n’as pas de nom » ne trouve pas sa place en radio, mais son écho résonne dans la rue lors des manifestations de femmes qui se dressent pour leurs droits. À l’ère d’Instagram, Lizzo chante l’amour de soi, et une confiance sans bornes dans « Juice », morceau où l’on devine sa plume hyperactive qui ne rentre pas dans les cases de l’application, et qui va s’en affranchir pour mieux briller. La pop est une grille de lecture des époques et des luttes de celles et ceux qui les vivent.