Le pitch de Swiss Army Man est parmi les plus improbables de ces dernières années : un naufragé sur une île déserte se retrouve à avoir pour seul compagnon un cadavre, qui va devenir autant son meilleur ami qu’une boîte à outils. On oubliait : ces deux-là communiquent ensemble lorsque le macchabée, suite au processus de putréfaction, lâche des gaz sonores.
Autant dire qu’on est pas dans le même registre que Seul au monde, le (bon) film de Robert Zemeckis avec Tom Hanks en Robinson Crusoé causant à un ballon. Et encore que, et c’est une autre singularité du film de Daniel Kwan et Daniel Schweinert, le casting soit tout aussi hollywoodien : Daniel Radcliffe alias Harry Potter, en cadavre et Paul Dano vu entre autres face à Daniel Day Lewis dans There will be blood.
Voilà pour le pedigree plutôt classe. Pour la lignée, Swiss Army Man a quelque chose de l’enfant naturel des cinémas de Michel Gondry pour la part bricolo, Spike Jonze pour sa part d’inattendu et Wes Anderson pour son ton roublard, capable de faire passer des blagues scatos ou scabreuses pour un délicat manuel de savoir-vivre. Les Daniels (c’est comme ça qu’ils se sont baptisés depuis la poignée de chouettes courts-métrages conçus avant ce premier long) empruntant aux trois en même temps, une mélancolie d’autant plus belle que contenue.
Car Swiss Army Man, en plus d’être déconnant est un film particulièrement émouvant quand il se met à parler de la solitude à travers une bromance où on finit par ne plus savoir qui est le plus vivant des deux gars. La rigolade devant une extraordinaire pantomime pétomane (jusqu’à transformer le cadavre en… hors-bord) peut faire place à une remarquable fable rousseauiste sur les rapports humains.
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