On a rarement l’occasion de recevoir un album de pop aussi réussi que celui de Témé Tan, qui parvient, à travers 12 titres, à nous faire voyager autour du monde, au gré de ses propres pérégrinations.
Le jeune Belge, on le connaît déjà depuis un certain moment, puisque son titre Amethys tournait l’année dernière sur notre antenne. De son vrai nom, Tanguy Haesevoets n’a gardé que la première syllabe, « Tan », le surnom qu’on lui a donné lors de son passage en Espagne : un son international, qui pourrait être de n’importe quelle origine, comme un moyen de s’adapter à chaque pays où il traîne ses pieds sans perdre son essence. Quant à « Témé », c’est l’alliance des mots « main » et « oeil » en japonais : comme un peintre, Témé Tan observe d’abord, puis produit d’après son expérience.
Des voyages sensoriels, donc, que le Bruxellois nous invite à partager — en partant de ses origines, puisque Tanguy en a beaucoup ! Né à Kinshasa, il atterrit en Belgique à 6 ans, où il est éduqué en français et en flamand. Mais il commence à voyager seul très tôt, passant ses vacances chez son père au Congo, puis développe son propre goût pour les cultures du monde entier, vadrouillant notamment entre l’Amérique latine et le Japon.
Comme d’autres globetrotteurs du son, tels Gold Panda ou Chassol, Témé Tan ramène de ses pèlerinages de la matière brute, des cris, des chants, des instruments, le tout enregistré au dictaphone. Chez lui toutefois, cette façon d’emprunter les couleurs du monde, en vogue depuis un certain temps, se prend au contre-pied. Plutôt que de tourner autour des samples pour les mettre en valeur, Témé Tan les enfouit au creux de ses morceaux, comme des secrets. Certains ont peut-être une valeur plus personnelle : le morceau Ça va pas la tête ?, actuellement playlisté sur Nova, construit les paroles de son refrain par dessus des voix d’enfants de Kinshasa, sa ville de naissance donc. Améthys, qui ouvre l’album, est lui un hommage à sa mère d’un nom de pierre précieuse dans un écrin pop.
Ce qui frappe le plus, à l’écoute de cet album sobrement éponyme, c’est, au delà de son impressionnant foisonnement de tubes, la manière avec laquelle Témé Tan ne cède jamais à la complaisance, surprenant l’écoute à chaque plage : on passe des guitares acoustiques dansantes à des productions plus vaporeuses (Coups de Griffe ou encore Menteur, réalisé par le très-à-la-mode Le Motel, notamment producteur de Roméo Elvis).
Mention spéciale à Sè Zwa Zo, à la ligne de basse synthé lancinante et addictive que ne renierait pas un Jai Paul (une des références assumées de Témé Tan). Au delà du francophone, on s’aventure même vers l’anglais, comme sur le très réussi Champion, autre titre accrocheur et enjoué.
Sur scène, Témé Tan, c’est une affaire plus franchement électronique mais à l’enthousiasme garanti. Il était d’ailleurs récemment en live dans Plus Près De Toi, mais si vous ne faisiez pas partie des happy few présents, vous pourrez vous rattraper le 30 novembre au Hasard Ludique à Paris.
L’album Témé Tan est sorti le 6 octobre chez PIAS.
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