Si d’après le célèbre refrain, « l’amour n’a jamais connu de loi », il va quand même falloir ressortir les gros tomes rouges du Code Pénal. Car l’évocation de Carmen se fera ici, non pas sous l’angle de la passion virevoltante, de la liberté, de l’amour, mais sous celui d’un procès. Faites entrer l’accusé (mettez le thème de Michel Legrand si vous voulez), en l’occurence ici Don José, celui qui, dans la nouvelle de Prosper Mérimée comme dans l’ultime opéra de Georges Bizet, assassine Carmen, laquelle voulait l’éconduire. Désolé pour le divulgâchage mais, l’oeuvre datant de 1847 (et 1875 pour l’adaptation opératique), on se dit que vous avez largement eu le temps de vous mettre au parfum.
Et cet épilogue est d’autant plus nécessaire que ce féminicide est le point de départ de cet addenda procédural mis en scène par Alexandra Lacroix (fondatrice et directrice artistique de la Cie MPDA), ces paralipomènes liant passé et présent, récit et réel, à l’aune féministe.
Comme l’expliquait Joy Sorman, autrice du Témoin, dans les colonnes des Inrockuptibles : « Au Palais de justice, la salle d’audience est comme une scène de théâtre sur laquelle montent les prévenus, face à un public. » Un parallèle que The Carmen Case (Carmen, cour d’assises) développe également, sur sa scène où le côté cour – de justice – prend tout l’espace. Une scène comme un tribunal à huis clos où le procureur, la victime (oui, aussi ; les spectres ont la parole), l’accusé, la défense et les témoins exposent les faits, envoient des piques, répondent aux accusations, assènent, contestent, rectifient. Le tout en musique, bien sûr, sur les compositions de la pianiste singapourienne Diana Li Ling Soh (nommée aux prochaines Victoires de la Musique Classique pour ce travail), reprenant, croisant et détournant à l’occasion quelques thèmes de Bizet.
Acte para-judiciaire, cinquième acte lyrique aussi poignant qu’avisé, choral et passionné, ce Carmen Case (Carmen, cour d’assises) intronise ses spectateurs au rang de juré, chargé de délibérer dans leur for intérieur. Quid de Don José ? Un assassin froid ? Une victime manipulée ? Un fou irresponsable ? Comment son meurtre aurait-il pu être évité ? Quels étaient les signes avant-coureurs, quelles auraient pu être les échappatoires ?
Entre charges de la preuve et intimes convictions, méli des mélodies et mélo des plaidoiries comme des réquisitoires, c’est à ce spectacle aux faux-airs d’assises populaires, ces numéros sur les planches et à la barre, à cette contre-histoire de fiction et cette anatomie d’un féminicide, que la Radio Nova Bordeaux vous offre des billets. Ils se compostent sur le formulaire ci-dessous, avec le mot de passe Nova Aime.