La mer, à pied …
De même qu’il y a des road movies, il y a quelques sea movies… ENDLESS SUMMER est de ceux-là. Tourné aux Us, puis Hawaï, Afrique, Australie et Nouvelle-Zélande…La classe, c’est que ça a été réalisé au top de la SURF CULTURE : 1964 !
Les Beach Boys à l’horizon, en route vers la Californie, puis faire LA ROUTE, vers l’Asie, c’était déjà ça l’époque ! Ce documentaire de Bruce Brown est planant à bien des égards : lumière, pellicule, simplicité, physiques minces, plages désertes, maillots cool et esprits en repos. Entre autres on y voit MICKEY DORA, une légende…
Les surfers de cette époque étaient les continuateurs du COOL. Il n’y avait ni sponsors, ni groupies. Dans le film, au Sénégal, les 2 surfers du film doivent partir : c’est trop cher ! Pour vous donner une idée de l’époque : surfers fauchés, Africains trop chers !!!
Tout le charme est là : une époque bénie d’avant la pollution, le tourisme de masse, la frime, le fric, le snobisme, les blasés. On est dans l’eau avec eux, collés, au ras de la surface. Quelques requins, et des récifs bien pire, mais les mecs checkent tout ça sans stress ni crème de protection ! Dans les dunes du Cap, géantes et bouillantes, avec des planches énormes, sans Indice 30 ou 40 ! Rien, juste un short délavé, ils vont vers une mer inconnue.
Inconscience ? Immaturité ? L’esprit Surf, routard, gitan de la mer, beatnick errant. Leur démarche est décervelée mais pure : comme des chevaliers, ils affrontent le dragon, sans public ni récompense, avec des récifs en forme d’épée sous leurs pieds !
Retour à Hawaï, avec des sons de guitares grêles ou cristallines, façon SHADOWS. Là on voit comment surfer assis, a genoux, sur le ventre ou sans rien : le BODY SURF (c’est ce que je pratiquais en Algérie ou à Bali, quand les vagues sont plus petites). Là aussi, on voit des grappes de surfers qui s’évitent, se croisent se chevauchent, et aussi des gerbes de planches, éjectées par les rouleaux géants. Mais surtout des gars agiles, racés comme des toreros, et qui dansent véritablement sur leur planche.
On dirait des funambules, ils avancent reculent, une sorte de cha-cha sur l’eau. On est ailleurs, dans le jeu, le risque, le gratuit, l’inutile… Les Butch et les Mitch sont seuls au monde avec leurs exploits privés. Ils en oublient que ce sont les MAORIS qui ont créé tout ça : planche, pirogues, catamarans, et même l’esprit du truc.
À la fin, on voit quand même quelques TIKIS et deux PIN UP surfeuses pour en finir.
The Endless Summer. Film de Bruce Brown. Couleur. Restauré. 92mn avec présentation du réalisateur (dist Carlotta) 10 euros. (Version Coffret luxe avec livre album et affiche 49 euros (plouf !)…