Aujourd’hui, le 7 novembre 2022, marque les onze ans du morceau “The Noose of Jah City” du Britannique roux émacié à la voix habitée, King Krule.
La musique de King Krule est une affaire d’espace. Ces chants qui semblent se propager comme le ferait une tache d’encre noire sur une feuille blanche enveloppent et affectent tout ce qui se trouve autour de nous, bien au-delà de ce que l’on peut toucher du bout des doigts. King Krule utilise des effets d’écho et de réverbérations pour créer cette illusion, et symbolise ainsi parfaitement l’ambiance pesante et lourde d’une ville qui nous mine l’esprit.
« The Noose of Jah City » en est l’exemple. On parle tout de même d’un morceau où l’interprète vocalise sa propre mort, étouffé par l’asphalte, le cerveau abîmé, couvert de plaie… Mais que lui est-il arrivé ? C’est comme si la ville était elle-même responsable de son décès. Jah City aurait fini par asseoir son emprise sur son humeur et à entourer son cou d’un nœud coulant, qui laisse tout de même suffisamment de place aux cordes vocales de King Krule pour qu’il nous chante son trépas imminent.
“The Noose of Jah City” c’est aussi une affaire de beauté, dans sa composition comme dans son travail d’ambiance, magnifié par l’air presque détaché qu’adopte King Krule par instant.
Laissez-le donc vous guider dans sa cité sombre.