Aux origines du Blues avec Ali Farka Touré, musicien-érudit d’un pays à l’influence musicale internationale
The Source (La Source) c’est le nom qu’à choisi le bluesman malien Ali Farka Touré pour son album paru en 1992, comme s’il savait qu’avec ce disque il allait pouvoir faire comprendre aux oreilles du reste du monde la véritable origine du Blues. C’est ce que ressent un journaliste du New York Times envoyé couvrir un concert d’Ali Farka Touré en 1988. Toute sa vision de l’histoire de la musique était remise en question, comme s’il venait de découvrir la vraie source du Blues, et qu’elle tenait dans les mains d’un guitariste malien dont personne ne connait le vrai âge.
Ali Farka Touré est né en 1939, mais on n’en sait pas plus, pas de mois, pas de date, même lui ne l’a jamais su. Cependant, on sait que le bluesman est le dixième enfant de sa fratrie, et se voit coller le surnom « Farka» dès l’enfance. « Farka » c’est « l’âne ». Pas de volonté de se moquer ici (comme un bonnet d’âne), mais plutôt de célébrer la ténacité de cet animal entêté, une ténacité que l’on retrouvait dans le caractère d’Ali Farka Touré.
Lors d’une interview pour le magazine Fly en 2005, l’artisan du blues décrivait le Mali comme la « grande bibliothèque de la musique africaine », berceau des rythmes qui ont ensuite nourri les genres du reste du continent. Si le Mali est une bibliothèque, Ali Farka Touré en connait tous les rayons. Avec The Source, le tenace s’associait à Afel Bocoum, chanteur malien qui se lancera ensuite en solo, et à une légende du Blues américain, Taj Mahal qui avait rencontré le son du Mali, via Toumani Diabaté, croisé dans un studio du sud des États-Unis. Taj Mahal et Ali Farka Touré, c’est le blues américain qui rencontre sa source, et donc ça coule de sens. Le titre « Roucky » en est la preuve la plus emblématique.