Une étude révèle l’ampleur du conspirationnisme au Etats-Unis
Au début du XXème siècle, Einstein affirmait non sans malice : « il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise… mais pour l’univers je n’ai pas de certitude absolue ».
100 ans plus tard, les adeptes des théories du complot aux Etats-Unis auraient sans doute tendance à soutenir la position inverse : absolument certains de l’infinité du monde et du divin, ils sont incapables de voir l’étendue infinie de leur crédule bêtise. Rien de tel, dès lors, qu’un petit plongeon dans l’océan des croyances crasses de l’Amérique profonde pour bien commencer l’année.
Des chercheurs de l’Université Farleigh Dickinson – située dans le New Jersey, à quelques encablures de New York – ont tenté d’évaluer la prégnance des théories conspirationnistes dans l’imaginaire collectif américain. PublicMind, le sondage d’opinion mené à cette fin, révèle que :
– 36% des sondés croient au “birtherism” (théorie selon laquelle Barack Obama ne serait pas un citoyen américain et n’aurait, par conséquent, aucune légitimité dans son rôle de Président)
– 25% des sondés croient que le gouvernement était au courant à l’avance des attaques du 11 septembre
– 19% (seulement) croient que Barack Obama a volé les dernières élections
– 23% pensent que Georges W. Bush a truqué les élections de 2004
Les chercheurs ont par ailleurs relevé des différences significatives entre croyances démocrates et républicaines.
Delirium tremens chez les Républicains :
– 75% des électeurs du GOP (Grand Old Party, le Parti républicain) croient à au moins une des théories précédentes (birtherism, 9/11, Obama voleur, Bush tricheur)
– 64% sont par exemple de fervents adeptes du “birtherism”
– 9% croient que Bush a triché en 2004 (les irréductibles)
Delirium tremens chez les Démocrates :
– 37% des électeurs démocrates croient pour leur part que Bush et/ou ses supporters ont fraudé massivement en 2004
– 36% pensent que l’Administration Bush savait pour les attaques du 11 septembre, un chiffre qui demeure inférieur aux 59% d’Afro-américains qui croient encore à ce mythe.
Les chercheurs font finalement un constat aussi déconcertant qu’accablant :
« Généralement, notent-ils, plus les gens suivent l’actualité, moins ils sont enclins à croire aux théories conspirationnistes – mais pas avec les Républicains, chez qui un surcroît de connaissances est synonyme d’une plus forte croyance dans ces théories ».
Pour expliquer ce phénomène, Dan Cassino, un professeur de sciences politiques qui a participé à l’étude, émet l’hypothèse que les plus curieux et les plus cultivés des conspirationnistes républicains ont tendance à auto-entretenir leurs croyances en ne consultant que des sources elles-mêmes conspirationnistes. Ils sont ainsi pris dans un cercle vicieux où chacune de leurs croyances est corroborée par des pseudos informations, distillées par des adeptes de la même chapelle… De l’endogamie des croyances.