De passage à Paris, les Atoms For Peace se sont livrés au micro de Nova.
Samedi 27 avril, Thom Yorke et Nigel Godrich, 2 membres éminents des Atoms for Peace, nous ont rendu visite à Nova. De passage dans la capitale à l’occasion d’un concert à la Gaîté Lyrique, ils nous ont fait l’honneur d’un mix ravageur et d’une belle interview. Bintou de Néo Géo et Fred de la prog’ ont recueilli leurs témoignages.
Entre exclu mondiale, gueule de bois et pérégrinations ghanéennes, découvrez l’univers pacifié des ces artistes atomiques.
Leur Mix ICI (leur titre Magic Beanz en exclu mondiale à 44min00)
Et leur interview, ci-dessous :
Fred : Vous avez joué à Paris le 26 avril, c’était comment ?
Nigel : On a joué dans un endroit vachement bien. C’était quoi comme salle déjà ?
Thom : Lyrique… La… Gaî…
Nigel : La Gaîté Lyrique ! C’est ça. Ecoute, on avait la gueule de bois le matin donc j’en ai conclu que c’était un bon concert.
Fred : C’est toujours un événement pour nous, pour les gens quand vous venez à Paris. Est-ce qu’il y a un morceau que le public a préféré ?
Nigel : C’est difficile de te citer un titre en particulier puisqu’on mixe les morceaux entre eux.
Thom : Au final, ça ressemble plus à une seule grosse chanson qui dure deux heures !
Fred : Vous êtes venus pour le Nova Club. Qu’est-ce que vous avez joué pour nous et pour nos auditeurs ?
Thom : On n’a pas fait que de la musique club. Y avait certains trucs assez clubby mais pas que… On a joué pleins de trucs différents, en commençant par un très beau morceau de Sakamoto, histoire de vous vider la tête avant de rentrer dans le vif du sujet. Ensuite, on a enchaîné avec du Drum N Bass un peu oldschool, des choses comme ça quoi !
Fred : Thom, vous étiez aux platines et Nigel, derrière lui, vous jouiez le coach c’est ça ?
Nigel : Je préfère superviser…
Thom : Et moi je fais ce que je sais faire de mieux.
Nigel : Ah, c’est pour ça qu’il te fallait cinq minutes pour lancer un morceau ? (rires)
Fred : Vous nous avez fait un beau cadeau avec ce mix, puisque vous avez interprété en exclu un des tout nouveaux morceaux de votre groupe Atoms for Peace ?
Nigel : Ouais ! L’album sort bientôt… Je sais plus exactement quand mais d’ici quelques semaines. Et vous êtes les premiers à avoir entendu le titre Magic Beanz. Exclusivité pour vous.
Fred : Merci beaucoup les gars. Qu’est-ce que vous avez prévu pour la suite ?
Nigel : On s’apprête à commencer les répétitions avec tout le groupe, Joey, Mauro & Flea (des Red Hot Chili Peppers) parce qu’on a pas mal de concerts prévus. Le format DJ à deux, c’était juste un projet qu’on avait en parallèle du reste, ça nous a permis de faire des salles plus petites. Et ça marche plutôt bien puisque l’album va sortir. Mais les gros concerts vont commencer, à Paris d’ailleurs ! Le 6 Juillet on sera au Zénith ! On est super contents parce que le public ici est toujours génial.
Fred : C’est un grand honneur pour nous. Le Zénith, en termes de places, c’est pas pareil que la Gaîté Lyrique. Il y aura beaucoup plus de gens.
Nigel : C’est autre chose. C’est un des aspects intéressants de ce projet ! Dès qu’on joue avec le groupe, qu’il n’y a plus rien d’électronique, que tout est joué en live, c’est plus humain aussi. Faire des choses différentes, toucher aux deux, ça nous permet de pas nous ennuyer, de pas être trop répétitifs.
Bintou : Mon émission s’appelle Néo Géo. C’est une référence à Ryuichi Sakamoto d’ailleurs. Un de ses disques s’appelait comme ça. A propos de votre mix, j’ai entendu des trucs polyphoniques qui sonnaient un peu comme de la musique africaine ! C’était assez intéressant…
Thom : Je sais pas trop pourquoi mais j’aime beaucoup incorporer des sonorités africaines dans des sons électroniques. Ce sont des musiques que des gens ont collectées, enregistrées et moi je puise dedans. C’est une sorte de discothèque dans laquelle je choisis des choses plus ou moins au hasard.
Bintou : J’ai aussi entendu des percussions du Ghana.
Thom : Oui oui oui. Ces trucs-là sont géniaux ! Quand je suis en plein set, si je ne sais plus trop quoi mixer, je lance ça et les gens se demandent ce qu’il se passe. Et puis le beat revient par-dessus, c’est excitant, frénétique, ça ne s’arrête plus ! Pour moi, c’est comme de la Drum N Bass.
Bintou : Thom, voilà un nouveau magazine où il y a un article sur vous et dedans, vous parlez des connexions entre des sons organiques et synthétiques. Est-ce que vous pouvez m’expliquer votre point de vue là-dessus ?
Thom : Pour moi un morceau de Fela Kuti ou de Tony Allen peut-être bien plus puissant que la plus puissante des Drum Machines… A mon avis, la musique la plus passionnante aura toujours cette vibration humaine… Tu sais, j’ai toujours fait partie de groupes, c’est peut-être à cause de ça que je pense de cette manière… Mais les instruments électroniques sont aussi très intéressants. Ils te permettent de sortir des sons très particuliers, étranges. Et ce qui m’excite, c’est de naviguer entre les deux. Pour avoir cette matière musicale dans laquelle les êtres humains peuvent se mouvoir, être sexy. C’est plus compliqué pour une machine d’être sexy !
Nigel : A l’inverse, quand vous faites des rythmes, des sons électroniques, ça permet de créer des sons qu’un humain ne pourrait pas faire.
Thom : Et c’est ce qui est cool dans ce projet, d’essayer de faire en sorte que les musiciens pensent de façon mécanique tout en gardant le côté humain. « Joue comme une machine ». Même s’ils pourront jamais le faire totalement. Ce mélange m’a toujours fasciné.
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