C’est l’histoire d’un paquet de clopes vide trouvé sur une plage grecque, un jour d’été 1991. C’est, surtout, l’histoire du groupe qui s’est désigné d’après la marque de celui-ci : Tindersticks. Un combo passé maître dans l’orchestration de chansons à la beauté feutrée, lettrée, classieuse, parfois inquiétante ; un groupe, emmené par Stuart A. Staples, fleuron de la ville de Nottingham, aux côtés de Robin Hood comme des footeux de Forest époque Brian Clough.
Stuart A. Staples, au chant, bien sûr, avec son timbre grave, mais aussi Neil Fraser à la guitare et David Boulter en couteau suisse de haut vol – les trois d’origine ; et encore Earl Harvin à la batterie et Dan McKinna à la basse, au piano et aux arrangements de cordes : autant de musiciens avec lesquels, nous l’admettons volontiers, nous entretenons un compagnonnage de longue date. Depuis quand ? Comme ça, au doigt mouillé, depuis le mitan des années 90, époque Sauvagine, Inrocks en noir et blanc et passages du groupe dans Nulle Part Ailleurs.
Nos chemins se sont rarement écartés. Les décennies sont passés mais sans altérer l’éclat de ces choeurs aériens, de ces modulations soignées, de ces atmosphères indie et jazzy, ces tours de crooner indifférent à tous les tics du temps, capable de verser dans l’âpreté sonique au gré d’embardées surprenantes, voire dans l’afrobeat si le coeur lui en dit (mais oui, souvenez-vous de « Help Yourself ! ») mais souvent tempéré, organisé, amené avec autant de science que d’émotion – quelque part entre un Nick Cave débarrassé de ses marottes bibliques et un Scott Walker qui refuserait de jouer au roi du silence. Vous pouvez penser à Bill Callahan, à Richard Hawley, ça colle aussi.
Au fil des albums, de leurs compositions somptueuses (« My Sister », « Medicine », « Travelling Light » et j’en passe), de leurs reprises bien senties (récemment, le « You’ll have to scream louder » des TV Personalities ou le « A Man Needs a Maid » de Neil Young), de leurs bandes-originales (pour Claire Denis, entre autres) les Tindersticks sont devenus un standard de nos playlists, un indispensable marqueur des sélections de la Radio Nova Bordeaux. Ils sont quasi de la famille.
Aussi sommes-nous très heureux de les revoir dans les parages, qui plus est au Pin Galant, là où ils auraient dû passer il y a quatre ans de ça – n’eût été une funeste zoonose au succès trop viral et planétaire. Ils y joueront les morceaux tout juste gravés dans la pâte à vinyle d’un album baptisé Soft Tissue.
Car, oui, après avoir accompli leur tour du propriétaire (célébré par une compilation, Past Imperfect), les champions du label City Slang se sont retroussé les manches pour ajouter une énième ligne à leur discographie. « Always different, always the same », les Tindersticks continuent de planer au-dessus de la mêlée. Une simple oreille jetée à des morceaux capiteusement arrangés tels que « New World », « Always a stranger » ou « Don’t walk, run » suffit à s’en convaincre illico : certains groupes, comme certains vins ou certains films, vieillissent mieux que d’autres.
À cette flambée live automnale, à « this fire of autumn » (pour reprendre le titre d’un de leurs singles paru en 2012), la Radio Nova Bordeaux vous offre des places ci-dessous, grâce au mot de passe à capter au vol sur nos antennes ou bien sur la page Facebook Nova Aime.
Tindersticks, le mercredi 20 novembre, au Pin Galant (Mérignac).