Les deux équipes rivales de Buenos Aires se rencontrent en finale de la Copa Libertadores pour la première fois de l’histoire.
La Chronique Sport, c’est tous les mardis à 8h45 dans Pour Que Tu Rêves Encore, la matinale de Radio Nova, et c’est signé Barnabé Binctin.
L’Argentine est au bord de l’implosion. Rien à voir avec la crise économique, ni les 40% d’inflation. Depuis quelques semaines, ce qui rend fous les Argentins, c’est le foot. Et pour cause, c’est la finale de la Copa Libertadores, l’équivalent de la Ligue des Champions sud-américaine, la compétition de foot la plus prestigieuse pour les équipes du continent. Or c’est la première fois dans l’histoire de la compétition que Boca Juniors et River Plate, les deux plus grands clubs de Buenos Aires, s’affrontent, à ce niveau-là, pour le sacre final.
Pour beaucoup, c’est le match du siècle
C’est le match qui divise l’Argentine. On estime que 70% des amateurs de foot dans ce pays (autant dire la très grande majorité des 44 millions d’habitants) supporte l’une des deux équipes. Si bien que les journalistes locaux parlent carrément du « match du siècle ». Le journal britannique The Observer place carrément ce match en tête de son classement des « 50 événements sportifs à voir avant de mourir ».
Car évidemment, ces deux clubs se détestent royalement, c’est le derby par excellence. Les deux stades ne sont séparés que par 13 kilomètres, mais tout les oppose. Au Nord, dans les quartiers huppés, les blancs et rouges de River Plate, qu’on surnomme « les millionnaires », et au Sud, les « bosteros », les bouseux de Boca Juniors, avec leur célèbre maillot jaune et bleu, le club de cœur du grand Diego Maradona.
Un match d’une telle ampleur, c’est probablement ce qui se fait de mieux dans un stade de foot. Des tifos et des couleurs partout, des supporters debout qui chantent et qui sifflent… Bref une ferveur totale et une enceinte en ébullition. Cette passion engendre aussi parfois quelques débordements, qui créent la légende et font les choux gras de la presse.
En 2015, par exemple, le club de Boca Juniors avait perdu le derby face à River Plate sur tapis vert (c’est-à-dire sur décision administrative) à cause de ses supporters, qui avaient envoyé du gaz poivre sur les joueurs adverses…
Le match n’a pas commencé que les hôpitaux sont déjà blindés…
Autant dire que dans le contexte de cette finale, les choses prennent une toute autre dimension. Les urgences des hôpitaux débordent de patients qui arrivent en état de palpitation, victimes d’insomnies ou de troubles intestinaux… On ne compte plus les cérémonies de mariage qui ont été repoussées voire annulés parce qu’elles tombaient le jour du match. Le 4 novembre dernier, c’est carrément une maison qui a brûlé à la suite d’une dispute entre amis qui cherchaient à savoir, manifestement sans tomber d’accord, lequel des deux clubs était « le plus grand ».
On aime aussi beaucoup l’histoire de Jonathan, 30 ans, supporter du Boca, qui a été jusqu’à se payer un aller-retour à Barcelone pour voir le match. Pratiquant le chabbat, il ne pouvait pas regarder à la télévision le match prévu en pleine après-midi… Sauf, donc, à jouer sur le décalage horaire en traversant l’Atlantique où le match commençait après le coucher du soleil.
J’ai déjà du stress dans mon travail. Maintenant, je dois y ajouter le stress d’une finale
Même le président de la République argentine, Mauricio Macri, s’est ému de ce match, regrettant qu’il oppose les deux clubs, parce que, dixit : « J’ai déjà du stress dans mon travail. Maintenant, je dois y ajouter le stress d’une finale… ».
Le match aller, il y a dix jours, s’est soldé par un très joli match nul 2-2. Autant dire que le suspense ne pouvait pas être mieux gardé pour le match retour, prévu ce samedi… Une chose est sûre : la terre devrait de nouveau trembler à Buenos Aires ! Rendez-vous à 21h heure française.
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