Tais-toi et regarde !
Des les années 20, Hollywood a compris que le cinéma pouvait être ambitieux. Les réalisateurs du monde entier sont invités à s’y mettre ! Maurice Tourneur a déjà commencé en France et a mis en scène des centaines de pièces de théâtre.
Pendant toutes les années 20 aus US, il va tourner sans cesse (aux côtés des grands : Griffith, Von Stroheim, Borzage, Vidor…) choisissant les meilleurs romans et les meilleurs adaptateurs : « L’île au trésor de Stevenson », «le dernier des Mohicans » et même «Une Victoire» de Joseph Conrad… Soit plus de 50 films !
Lui-même, cultivé et raffiné, sera un as du découpage et du cadre lumière ; il a été assistant de Rodin et Puvis de Chavannes ! Sa traversée du siècle est une épopée, son œuvre aux USA un sans faute.
Mais il va tout plaquer le jour ou il comprend que le STAR SYSTEM va remplacer auteurs et réalisateurs… Hollywood va tout miser sur des visages, des corps : les acteurs en haut de l’affiche, et la fabrique qui va avec, l’IMAGE au détriment de tout le reste. Maurice Tourneur retourne en Europe où il tourne encore 15 films : avec Marlène Dietrich, « Le navire des hommes perdus », ainsi que Volpone, etc… Puis, handicapé, il sera le traducteur de la célèbre « Série Noire » !
Encore plus fou : son fils jacques Tourneur va AUSSI tourner à Hollywood des dizaines de films dont « La féline » (Cat People), « Vaudou » (I walked with a zombie) ou « l’homme léopard » : 3 chefs d’œuvres déjà racontés sur ce site… Le talent n’est pourtant pas forcément héréditaire.
Avec Maurice Tourneur (nom prédestiné !), on se trouve dans une sorte d’Eden du cinéma, encore muet mais aux images impeccables, fortes et belles, car les films n’avaient que ça pour faire décoller les spectateurs.
Un cinéma d’artisanat « artistique » ou chaque chose comptait : cadre, décor, lumière, costumes… Fait par des gens habiles et professionnels, appuyés sur la qualité et le travail d’équipe. Tout cela se respire : le soin, la qualité de chaque détail, on regarde cela comme les beaux livres d’images de notre enfance. On sent une volonté de travail et de réussite sur chaque plan. Et ça marche.
C’était avant le marketing et le Bluff du futur Hollywood prétentieux et bidon, qui allait remplacer la qualité des scénarios et images par l’esbroufe des magazines people .
_ Maurice TOURNEUR . Coffret Bach Films avec 8 films en DVD:
L’oiseau bleu . Le dernier des mohicans. Lorna Doone. Victoire (d’après Conrad). Fille d’Ecosse. La Casaque verte . Pauvre petite fille riche…
Bonus avec Patrick Brion et Roland Lacourbe
Edité par l’institut lumière avec Actes Sud.. 25 euros (On trouve aussi d’autres Maurice Tourneur en édition DVD.)