Pour sortir de la torpeur actuelle rien ne vaut un film prônant la désobéissance.
Cette semaine 23 nouvelles sorties en salles sont annoncées. Vingt-Trois. Terminées l’époque où il était facile de faire des choix. D’autant plus quand dans le lot, non seulement il y’en a pour tous les goûts mais surtout peu de déchet au vu de la qualité moyenne générale. Alors on peut dire que tout fout le camp. Ça tombe bien, c’est aussi le titre du film le plus singulier du lot, voire le plus stimulant. Ne serait que parce que justement, ce titre se contredit rapidement quand le nouveau film de Sebastien Betbeder marque une réelle continuité pour un réalisateur qui s’efforce de marcher hors des clous. Avec Tout fout le camp, il ne fait qu’amplifier une tendance naturelle, celle d’un cinéma qui a toujours voulu aller voir ailleurs, à s’aventurer dans les genres les plus divers, du fantastique naturaliste à la comédie générationnelle quand il n’allait pas carrément au Groënland pour une trilogie semi-documentaire. L’autre constante restant cette étude sociologique de l’espèce humaine, toujours filmée comme une communauté qui réapprend à se serrer les coudes.
Et pourtant Tout fout le camp semble vouloir desserrer les codes.
En tous les cas les conjuguer, les culbuter. Si Tout fout le camp démarre dans une veine de buddy movie à la française via l’amitié naissante entre un journaliste et un musicien qui se lance dans la politique, le duo s’élargit rapidement lorsque le duo croise un cadavre qui re-vient à la vie, avant de s’embarquer dans un road-movie surréaliste, façon Bunuel ou Bertrand Blier. Ou plutôt hyperréaliste quand les tribulations de cette petite bande lachée sur une sensationnelle autoroute de cinéma à quatre voies – ici, on peut passer d’une scène gore à une de danse comme d’une séquence toute en brumes gothiques à de la pure comédie loufoque ou noire – sait ramener son code de la déroute à une ligne directrice, en l’occurence le portrait de la génération de trentenaires actuelle qui se désespère d’une autre con-duite qui va sacrément de traviole, celle de la politique de Macron. Le souk organisé de Tout fout le camp se fait cohérence absolue dans ses envies de prendre la tangente, d’essayer l’utopie d’un monde plus fou mais moins flou quand il remettrait l’humain au coeur de tout. Après avoir fait plus se marrer que la plupart des comédies françaises sorties cette année, Tout fout le camp, film aussi rebelle qu’inquiet, se met à émouvoir par cette revendication à laquelle il s’attache comme à une bouée de secours. Mais aussi pour en faire une ligne de flottaison à tenir en étant un appel à une joyeuse lutte par la désobéissance.
En salles le 14 septembre