En 2005, depuis les rues de Hounslow, à Londres, Mathangi Arulpragasam, alias M.I.A., publiait « Arular », et entrait dans l’histoire de la musique contemporaine. Le premier disque d’une artiste visionnaire qui crie à la révolution, et qui fait crier (et danser) le monde avec elle.
Trois initiales pour un blaze connu d’à peu près tout le monde : M.I.A. Née à Londres, dans le quartier de Hounslow, sous le nom de Mathangi “Maya” Arulpragasam, l’artiste visionnaire sort Arular, son tout premier disque, le 22 mars 2005. En fait, M.I.A. se fait déjà connaître en 2004, sur MySpace, LE réseau social de l’époque – elle fait partie des premiers artistes de l’histoire de la musique à se faire connaître par Internet – avec Piracy Funds Terrorism. Une mixtape pirate, entièrement composée dans sa chambre, en utilisant des samples (non autorisés) de Madonna, Prince, Jay-Z et Kraftwerk….. avec, installé dans un coin de l’appart’, un certain Diplo (pas encore le producteur superstar qu’on connaît, juste le petit ami de l’époque).
Le succès totale d’une œuvre visionnaire
La musique, la célébrité et le succès critique sont inattendus, pour cette fille de réfugiés sri-lankais, à l’enfance marquée par le déplacement. C’est peut-être de cet héritage pluriculturel et hyperpolitique que provient l’éclectisme sans limites d’Arular, formé par 14 titre dansants, révoltés et complètement novateurs pour l’époque. La couleur est donnée dès le début du projet, à travers cette voix décuplée en plusieurs pistes, qui fait un genre d’appel au soulèvement : “Pull up the people, pull up the poor” / “I’m a fighter”.
Arular, c’est la lutte, l’abolition des frontières et la libération sexuelle d’une meuf qui fait ce qui lui chante. Le titre de l’album serait le nom de code politique utilisé par le père de M.I.A., une figure politique prééminente du Sri Lanka, qui fonde l’Eelam Revolutionary Organisation of Students (EROS), un groupe estudiantin militant pour l’indépendance de l’Îlam tamoul. “‘Arular’ signifie ‘illumination par le soleil’ ou quelque chose comme ça. Mais un ami a remarqué que ça pouvait aussi être un jeu de mot en anglais – ‘a ruler’ (un chef) –”, remarque M.I.A. lors d’une interview, en 2005.
Le mélange des sons, des rythmes, des langues
L’album constitue un mélange des sons, mélange des rythmes, mais aussi un mélange de la langue, en associant l’anglais avec beaucoup d’argots, pour créer une sorte de gigantesque sono mondiale. Arular incorpore tout, tant qu’il y a un rythme : hip-hop, punk, dancehall, reggaeton, des trompettes venues de favelas, ou encore de la baile funk brésilienne… Le squelette de l’album a été composé avec le Roland MC-505, une boîte à rythme présentée à M.I.A. par une certaine Peaches…
En route vers la célébrité…
Le disque fait de M.I.A. une pop star. Après ce premier succès, elle publie Kala, un deuxième disque enregistré entre l’Inde, l’Angola, Trinidad, le Libéria, la Jamaïque et l’Australie… Et la consécration critique et populaire va crescendo. En 2008, « Paper Planes » est nommé pour un Grammy, et “O, Saya”, composé pour le film Slumdog Millionaire, est nommée pour un Oscar.
Quatre albums plus tard, le monde est bien loin de la M.I.A. visionnaire des débuts. L’artiste a viré complètement complotiste, en lançant sa ligne de prêt-à-porter, OHMNI, destinée à “protéger des fréquences électromagnétiques” de la 5G, ou en apparaissant aux côtés du complotiste et animateur d’extrême droite notoire Alex Jones. Autant rester un peu nostalgique !