Comme d’hab’, (presque) chaque mercredi, on fait travailler nos cerveaux et nos nostalgies pour ressortir des bacs un album qu’on estime, en toute subjectivité, être culte. Il y a très exactement 10 ans et 9 jours, Joey Bada$$ publiait « B4.Da.$$ » son premier disque studio, prononcé “Before Da Money”. Un sans-faute de 17 titres.
20 janvier 2015. Toute la communauté hip-hop avait coché la case dans l’agenda, Nova compris, et toutes les têtes dodelinaient fort à l’écoute de B4.Da.$$, le tout premier album studio d’un certain Joey Bada$$ (c’était la mode des « S » en Dollar à l’époque…). C’était l’épreuve du feu pour ce (très) jeune prodige du rap, qui avait déjà eu le temps de nous pondre deux excellentes mixtapes, 1999 en solo et PEEP: The aPROcalypse avec son groupe Pro Era. À tout juste 20 ans, Joey Bada$$ se colle à l’exercice du long-format et fait un sans-faute en 17 titres, qui honore parfaitement le blaz que le rappeur s’est choisi.
« J’essaie de créer ce que je voudrais entendre »
Le new-yorkais se distingue des flows de l’époque par sa maîtrise du « classicisme » hip-hop, sauf qu’il est aussi d’une modernité folle, à travers sa recherche de nouveaux placements, de musicalités surprenantes et rares dans le rap à l’époque, des motifs, des flows intéressants. Joey Bada$$ avait déjà, inconsciemment peut-être, l’ambition de faire évoluer le hip-hop sans le dénaturer. En décembre 2014, Jean Morel tendait le micro Nova à Joey Bada$$ dans les couloirs du Trianon juste avant la sortie de l’album : « Je pense que je suis devenu le changement que je voulais voir dans le « Game », j’essaie de créer ce que je voudrais entendre” expliquait simplement le rappeur. Les choix de prod aussi, sont matures et novateurs. L’album navigue entre des ambiances, des rythmes et des sonorités très variées, et le casting de producteurs est de choix : DJ Premier, Hit-Boy, Statik Selektah, et ses gars sûrs, Kirk Knight et Chuck Strangers de l’équipe Pro Era. Le rappeur a même pu poser sur une prod de J.Dilla, dans une petite session tranquille, au stud’. C’est devenu le morceau « Christ Conscious ».
« Il n’ y a pas une seule track sur cet album que tu peux écouter qu’une seule fois et prétendre saisir le truc… »
Les textes sont engagés, spirituels, voire touchants. On relève notamment ses phases en lien avec la disparition de son cousin et celle de son pote de Pro Era, même son rapport à l’argent est intéressant. 10 ans après, B4.Da.$$ est toujours aussi excitant, et a gagné le statut d’album culte du hip-hop. Ses histoires font toujours réfléchir, on découvre encore des lyrics. Toujours dans l’interview de Jean Morel en 2014, le rappeur nous disait d’ailleurs : « Il n’y a pas une seule track sur cet album que tu peux écouter qu’une seule fois et prétendre saisir le truc…”
Allez une petite dernière….