Le 23 novembre 1993, il y aura 31 ans ce samedi, Snoop Dogg publiait « Doggystyle », son premier album, sur les cultissimes labels Death Row et Interscope. Cette année-là, avec ce disque, le célèbre rappeur tirait la queue du Mickey et devenait incontournable. On se devait de revenir sur ce chef-d’œuvre absolu du hip-hop West Coast, produit par Dr. Dre.
Selon les notes attribuées par les internautes du forum musical anglo-saxon Allmusic.com, c’est le deuxième album d’un‧e artiste ou d’un groupe qui est le plus souvent plébiscité, juste avant le troisième et le premier. Cette règle n’est pas gravée dans le marbre pourtant : il n’y a qu’à citer Ready to Die (1994) de The Notorious B.I.G., classique définitif du hip-hop, qui était aussi le début du rappeur d’à peine 22 ans dans l’industrie musicale.
LE chef-d’œuvre de la West-Coast
Un an plus tôt, le 23 novembre 1993, Snoop Dogg contredisait aussi les statistiques en publiant Doggystyle, son premier et, sans aucun doute, meilleur album. L’artiste californien restera définitivement associé à ce chef-d’œuvre absolu du gangsta rap, qu’il ne surpassera jamais en qualité.
L’avènement du G. Funk
Doggystyle débarquait un an après la sortie d’un autre début (encore), celui de Dr. Dre en solo, le grand The Chronic, qui a eu l’effet d’un séisme sur le rap West-Coast. L’ex-membre de N.W.A avait alors donné ses lettres de noblesse au G. Funk, un genre de gangsta rap sublimé, qui introduit des sonorités funk 70s, pour créer des compositions instrumentales détendues, mais surprenamment complexes… Avec son premier disque, Snoop Dogg, déjà entendu sur The Chronic, propulsait le G. Funk aux oreilles du monde entier. Produit par Dr. Dre lui-même, avec des personnalités telles que Daz Dillinger (du duo Tha Dogg Pound), pour les prestigieux labels Death Row et Interscope, Doggystyle reste, plus de 30 ans après sa sortie, le disque le plus important de son auteur. En même temps, franchement, comment résister aux grooves d’un titre tel que « Who Am I (What’s My Name), avec son refrain obsédant…
« Il n’y a que ce que je connais : la vie de la rue »
Provocants, polémiques, souvent misogynes, les débuts de Snoop Dogg en long-format ne sont pas à mettre entre toutes les oreilles. Le rappeur y pose son flow inimitable sur une fourmilière de hits très soignés, accrocheurs et hyper dansants. Paradoxale quand on connait la vulgarité crue des textes… À l’occasion d’une interview au New-York Times en 1993, Snoop Dogg s’expliquait en ces termes : « Je ne peux pas rapper sur quelque chose que je ne connais pas. Vous ne m’entendrez jamais rapper à propos d’un diplôme. Il n’y a que ce que je connais : la vie de la rue. C’est la vie de tous les jours, la réalité. » Il faut préciser qu’à l’époque, Snoop Dogg était mêlé à l’affaire du meurtre de Phillip Woldermarian, membre d’un gang rival tué lors d’une fusillade (il sera blanchi de toutes accusations en 1996) : c’était l’un des premiers rappeurs célèbres à vivre, en apparence, la vie qu’il décrivait dans ses morceaux…
Un succès jamais vu
Ce qui fait aussi Doggystyle, ce sont les contributions incroyables du disque avec George Clinton, Warren G, The Lady of Rage, et on peut continuer longtemps… Tous les ingrédients étaient réunis pour toucher les masses, avec leur consentement. Et l’objectif a été atteint puisque l’album s’est écoulé à plus de 12 millions d’exemplaires. C’était alors le plus grand succès du rap de l’époque. C’était à nous faire presque oublier le Enter The Wu-Tang (36 Chambers) du Wu-Tang Clan, sorti deux semaines avant…