Après 25 années passées à observer l’excentricité du monde, la rédaction de l’émission d’Arte Tracks, repaire des cultures en mouvement et propositions excentriques du globe, a tiré sa révérence.
La nouvelle est tombée fin décembre, contrat non renouvelé pour la rédaction de Tracks, émission culte d’Arte, une nouvelle qui a entraîné une vague de soutien chez les consœurs, confrères et les habitués de ce rendez-vous. On a contacté les rédacteurs en chef de Tracks pour revenir sur cette aventure.
“Je ne pense pas qu’on travaillait mieux que les autres, on avait simplement la liberté de pouvoir aller dans des endroits où les gens ne pouvaient pas aller.”
David Combe et Jean-Marc Barbieux, rédacteurs en chef de Tracks
Imaginé en 1996 et lancé un an plus tard par Fabrice Coat, le cofondateur de la boîte de nuit les Bains Douche, Tracks s’était donné pour mission de nourrir les curieux et de capturer en image l’excentricité du monde. “La fonction première était de parler de toutes ces cultures qu’on dit contre-cultures ou minoritaires, en opposition à la culture dominante et institutionnalisée”, nous expliquent David Combe et Jean-Marc Barbieux, rédacteurs en chef de l’émission.
Pendant 25 ans, Tracks a suivi son cours, survivant au changement de gouvernances de la maison mère, avec toujours la voix inimitable de Chrystelle André pour habiller leurs reportages sur les récits en cours”. Il n’y a qu’à faire un tour sur la page YouTube de l’émission pour découvrir une fabuleuse galerie d’images, archive de ce que les cultures de la planète ont pu imaginer dans leurs versants les plus barrés, sensibles et novateurs. “Les sujets qui étaient traités étaient les plus variés possibles, à la fois en termes d’origines géographiques, de genres, de générations et de formes artistiques, de sorte que l’on passe vraiment du coq à l’âne” complètent David Combe et Jean-Marc Barbieux.
Regarder un épisode de Tracks, c’est un bon moyen de se rappeler qu’on vit dans un monde complètement fou où se mêlent courses de tondeuses à gazon, skate acrobatique en fauteuil roulant et Kilowatts de Dub en périphérie française. Leur caméra enquêtait sur tout ce qui émerge, avec la chance de pouvoir traiter de sujets hors cadre. Savoir que ce robinet est désormais coupé, c’est comprendre que notre champ de vision se resserre.
Il reste tout de même une dernière occasion à l’équipe de Tracks de jouer le rôle de passeur qui dépasse les bornes… La rédaction organise ce samedi de 14h à 18h un vide-grenier où vous pourrez venir récupérer vinyles, CDs et livres à prix libre. Les fonds seront reversés à La Casa, une association d’aide aux mineurs non accompagnés et aux migrants.
Pour celles et ceux qui n’auront pas l’occasion de passer au 57 bis rue de Charonne à Paris, on vous replonge dans l’univers de cette émission qui répondait aux questions que l’on ne se posait pas encore, avec un morceau sélectionné par la rédaction de Tracks pour représenter son esprit.
Alors il ne faut pas comprendre qu’avec ce disque, l’équipe de Tracks a pour mantra l’oisiveté. Au contraire, c’est une manière de rappeler, comme le faisait le reportage sur les “punks à chiens” dont ce disque est tiré, que vivre en marge n’est pas un choix d’itinéraire facile et qu’il faut en être fier. Les sentiers en marge que la rédaction de Tracks connaît maintenant très bien.