Eté studieux, été radieux !
Tout d’un coup, trois bouquins sortent et ils racontent presque toute notre culture dite musicale : tout le 20eme siècle y passe, des balbutiements aux derniers souffles technologiques.
L’un empile les musiques noires venues de si loin. L’autre raconte la révolution Pop Rock électrique et ses racines campagnardes. Le troisième énumère tous les fous de sons depuis le début du siècle, avant même Eric Satie.
À travers la musique noire, on remonte évidemment aux rythmes ancestraux, avant même l’esclavage. Le choc des sensibilités blessées des Africains et le contact avec les instruments et la musique romantique blanche va faire le reste.
À travers un seul groupe, le Grateful Dead et son maitre Jerry Garcia, on en apprend sur le Blues, la Country, le Rock, la révolution psychédélique puis les montagnes russes : LSD, Light Show, Acid Test, Festivals, Parties, révolution sexuelle et tournées mondiales, l’avènement d’une industrie musicale générée par les apprentis sorciers hippies.
Quant aux sons, du classique aux modernes – musiques sérielles, concrètes, répétitives, minimalistes ou techno, digitales, muzak… tous les penseurs, ingénieurs, compositeurs, bidouilleurs, bricoleurs qui vont gravir la montagne sacrée des ondes sonores, des vagues, des nappes et des possibilités.
Dans le premier, Great Black Music, Philippe Robert résume 110 albums : en une double page, le meilleur de chaque artiste (ou groupe). Sa vie, son style, son apport, la pochette du meilleur album… Puis 2 listes: les autres albums datés et une poignée d’artistes proches.
Intelligent et efficace, même s’il manque des Cubains et des Africains, car l’auteur a choisi l’Amérique comme creuset avec une excroissance jamaïcaine importante. Mais c’est une liste de merveilles allant de Billie Holiday à nos jours, avec Sly, Jimi, Betty Davis, Otis ou Sun Ra, et tous les surdoués du blues, de la Soul, du Reggae-Dub, et même des maudites comme Millie Jackson, Jill Scott Heron et tant d’autres, bref surapprouvé par NOVA.
Pour Grateful Dead, évidemment c’est centré, mais le Dead a débuté bien avant le groupe lui-même et fut environné de plein d’évènements à conséquences mondiales : drogue, Vietnam, révoltes, émeutes, réseaux répression, trouvailles de synthés et autres boucles, distorsions et échos.
Steven Jezo Vannier est un fou du détail, il sait tout. Cette révolution de 1964 jusqu’à 1969, avec le « avant « et le « après », qui paraît d’avant notre ère, si loin, presque déplacée aujourd’hui. Mais ses vieux chevelus préhistoriques ont quand même poussé les portes de la perception. (Pour compléter, le livre de Tom Wolfe Acid Test raconte l’épopée du Magic Bus, post Beat, des Pranksters et des Hells, dans le chaudron lysergique.)
Quant à Digital Magma de Jean Yves Leloup, c’est un puits d’informations historiques, souvent mal connues, notamment toute l’école allemande d’Alban Berg à Stockhausen, les Italiens, les Américains comme John Cage et La Monte Young, des ribambelles d’ingénieurs, novateurs et même de philosophes pour développer les nouveaux champs acoustiques. Jusqu’à nos raves, samples, DJ, et autres fondus de home studio, réseaux internet, dématérialisation.
Trois livres, un éditeur, une passion et des auteurs vraiment dévoués. A compléter sur le net, en attendant c’est NOVAPLANET qui régale.
Du même éditeur (le mot et le reste) TROIS livres :
_Grateful Dead de Steven Jezo Vannier.
_Great Black Music (parcours de 110 albums essentiels)Philippe Robert
_Digital Magma (de l’utopie des Rave parties à la génération MP3) de Jean Yves leloup.