Vous angoissez à la vue de ces fleurs de lotus, de nids d’abeilles ou d’un morceau de gruyère ? Vous êtes sûrement touché•e par la trypophobie, cette peur irraisonnée des trous.
Le manuel des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association (l’ouvrage qui fait autorité en matière de pathologies psychiques et psychiatriques) ne dit rien sur la Trypophobie. Et pourtant… Certaines et certains, plus nombreuses et nombreux qu’on ne le pense, oui, ont la phobie des petits trous. Face à un ou des petits trous, la personne atteinte de Trypophobie peut avoir des bouffées de chaleur, une sensation de souffle coupé. Généralement, le rythme cardiaque des personnes concernées s’emballe, du moins s’accélère jusqu’à avoir parfois des vertiges.
Quand on parle de peur panique des trous, et des petits trous en particulier, il faut préciser qu’il s’agit plus précisément d’une aversion pour des images représentant des motifs géométriques rapprochés, circulaires ou convexes, typiques des alvéoles de nid d’abeilles, de mousse de savon, ou encore, les trous de gruyère.
« Tout le monde a des tendances trypophobes »
Cette mystérieuse phobie toucherait quand même 11 % des hommes et 20 % des femmes et elle n’est pas reconnue comme telle par les professionnel•les, ce qui est surprenant parce que les symptômes de la Trypophobie sont plutôt bien documentés. En 2013, une équipe de chercheurs dirigés par le Docteur Geoff Cole, de l’université de l’Essex a fait visionner 76 images de trous plus ou moins repoussants à un groupe de 300 personnes. Les trypohobes ont ressenti des maux de tête, des tremblements, des démangeaisons. Pour le Dr Cole, interrogé par « tout le monde a des tendances trypophobes, même s’il n’en est pas conscient », et ainsi les images trypophobes sont de toute façon moins confortables à regarder.
Le dérivé d’un instinct de survie
Pour identifier la cause de cette phobie, c’est plus compliqué… Elle pourrait témoigner d’un genre d’instinct de survie, qui nous pousse instinctivement à nous méfier des choses qui pourraient nous nuire : les personnes trypophobes assimileraient ces trous à une maladie qui forme trous et crevasses sur la peau. Le dégout est alors lié à la peur de la contamination, qui est en fait un mécanisme de protection. Les motifs trypophobes ressembleraient aussi à ceux présents sur la peau de certains animaux venimeux, de serpents notamment. Cette réaction aurait donc un rôle d’alerte face au danger potentiel. C’est une belle théorie, mais qui n’a pas vraiment été prouvée, la trypophobie étant tout de même lié au vécu de chacun•e également.
En tout cas, ça se soigne ! Comme toute phobie, anxiété, elle peut être aidée par un traitement médicamenteux ou une psychothérapie, dispensés par un‧e psychiatre, un•e psychologue.