Dynastie bling et aliens lasers.
Comment comprendre l’exposition de la dynastie Anglaise « les Tudors », dont la télévision nous avait gratifié d’une série, façon Dallas ?
On y voit principalement les membres de cette lignée, tachant de s’établir au milieu des autres grandes familles royales d’Europe. Pour ce faire, après quelques batailles et trucidages de concurrents, il faut créer une cour, c’est à dire une style, une mode , des allures qui fassent impression. On crée blasons, on retape demeures et palais, on engage pour cela tout ce que l’on peut trouver d’artisans extraordinaires et puis on copie un peu les autres grands. Meubles, tapisseries, objets, argenterie…
Mais surtout on va arborer des tenues extravagantes de luxe, de forme, de complexité et d’ostentation. Les monarques et leurs rejetons se doivent de ressembler à des aliens : couverts de pierreries, d’or d’argent, de perles ( et à l’époque pas de perles de culture ! ), de dentelles, de broderies, de volumes…
Regardez donc ce que le peintre photographe doit exécuter : chaque perle, diamant, rubis, émeraude, saphir… Chaque bague et diadème jaillit du souverain en bouquet , en cabochon, en flèche ou couronne. Le but est de saturer, d’impressionner l’œil de l’émissaire, de l’ambassadeur, et s’il ne peut vous visiter, alors les tableaux parleront à distance, pour clamer la grandeur et la magnificence de la dynastie .
Henri VII, Henri VIII et Elisabeth vont réussir leur pari. Au début c’est une sorte de Renaissance à l’anglaise, et les rois ressemblent un peu à notre François 1er dans la même démarche : porter beau dans de somptueux palais. (Même si à côté, sa politique fut désastreuse en France. On a retenu François le magnifique, mais il perdit ses guerres, fut prisonnier, dut donner ses fils en otage…)
Ces anglais, d’origine galloise, devaient aussi se débarrasser des papes catholiques qui les empêchent de trucider tranquillement femmes ou maitresses. (Alors que les Sforzas et Borgias italiens le faisaient !) Bref une émancipation par l’argent, le pouvoir et sans tutelle, fut elle religieuse. Ils furent donc anglicans, protestants, mais avant tout un empire anglais avec leur style unique.
On dit qu’un grand Maharadjah ( Gwalior ou Jaipur… ) , portait un véritable plastron de diamants, si gros, si nombreux, que la quantité de reflets empêchaient de le voir : littéralement, il aveuglait ceux qui tentaient de porter le regard sur lui.
Le souverain – laser qui paralyse son auditoire.
Regardez les tableaux des Tudors: de véritables étalages de bijoutiers et de brodeurs.. Une exposition pour joaillers ? Non, mais un système de représentation pour le pouvoir.
Les Tudors . Musée du Luxembourg . Paris . 18 Mars – 19 juillet 2015