Un ancien professionnel du monde de l’événementiel propose une solution moins énergivore pour repenser les déplacements des artistes autour du globe.
Pouvoir assister à un concert, un set ou un festival de nos artistes préférés, c’est cool. Mais savoir que l’artiste a fait plusieurs allers-retours en avion à travers le globe pour être présent, c’est moins cool. C’est pour pallier ce problème que certains professionnels du secteur de l’événementiel se mobilisent en proposant de nouvelles manières d’aborder leur métier.
Globe-Trotters.
Pour ces initiatives, on peut citer le producteur nantais Simo Cell, qui avait signé en 2020 une lettre ouverte parue au cœur de la pandémie dans les lignes de Libération, où il s’engageait à envisager sous un prisme moins énergivore son activité. Côté organisations, on se bouge aussi. Les clubs de France ont récemment cosigné une charte d’engagement visant à réduire l’usage de plastique à usage unique dans leur lieu et certains d’entre eux poussent les artistes qu’ils programment à favoriser les modes de déplacement moins carbonés.
Car oui, l’usage très fréquent et rapproché de modes de déplacements énergivores, c’est quelques chose qui touche très largement la scène électronique, même des artistes pas encore identifiés par le grand public peuvent être extrêmement mobiles. Plusieurs facteurs causent cela. Déjà, parce qu’un ou une DJ, c’est plus pratique à déplacer qu’un groupe de rock avec cinq membres et du matos – c’est un peu caricatural, mais c’est l’idée. Aussi, car les artistes convoités par les grandes salles et les festivals majeurs peuvent faire l’objet de clauses d’exclusivité territoriales, ce qui les oblige à rester constamment en mouvement.
En fait, des artistes comme Marcel Dettman ou Peggy Gou, ne peuvent pas jouer dans deux villes proches à deux dates trop rapprochées, parce que les deux dates se concurrenceraient. Il n’est donc pas rare que les promoteurs d’événements demandent une exclusivité territoriale pour garantir le succès commercial d’une date. Ainsi, on a des individus qui peuvent facilement se déplacer, et sont parfois forcés de le faire. En clair, on a un gros problème si on veut limiter facture énergétique.
Décarbonner les déplacements.
Comme ce n’est pas une pratique perenne pour notre planète, beaucoup de professionnels dans le milieu se mobilisent depuis quelques années pour agir, documenter le problème (via des initiatives comme Clean Scene, ou The Shift Project), développer et démocratiser des bonnes pratiques afin de limiter les émissions de CO2 liés à leurs activités.
Comme on l’a cité plus haut, certains clubs et festivals demandent aux artistes programmés de favoriser des modes de déplacements moins énergivores, comme le train. L’inverse est aussi possible pour les personnes programmées qui peuvent inscrire dans leur rider (le document qui atteste des conditions d’accueil technique et d’hospitalité souhaitée, hôtels, repas, et donc mode de déplacement) mais en termes de logistique, cela devient vite un casse-tête à base de : “Attend, je suis à Berlin aujourd’hui, je dois être à Lisbonne demain et à Oslo après-demain, comment je fais ?…”
Two Gigs pour le prix d’un.
C’est de là que l’initiative de Tim Dreske, un ancien professionnel du milieu, intervient. L’ex-DJ et programmateur a développé TwoGigs, une plateforme dédiée aux artistes et aux bookers, donc celles et ceux qui programment les festivals, et autres organisations. TwoGigs (un “gig” c’est un job, donc une performance pour un artiste) permet de faciliter la mise en place de parcours de tournées, et à s’accorder entre professionnels pour définir des parcours optimisés et moins énergivores.
Cet outil permet aux artistes d’informer de leur présence dans n’importe quel coin du globe, et de ce fait, pouvoir envoyer et recevoir une proposition de promoteurs de la région (ou proche région) dans laquelle ils se trouvent et ainsi minimiser les déplacements inutiles. À l’inverse, des organisateurs pourront dénicher des artistes proches d’eux qui auraient échappé à leur radar.
Le but est ainsi de permettre à tout le monde de mieux s’organiser pour réduire les déplacements inutiles qui multiplient les traversées intercontinentales, et rendre chaque déplacement plus significatif. Une proposition de plus pour mettre la scène électronique sur de bons rails, encore faudrait-il que tout le monde veuillent bien se raccrocher aux wagons.