L’extrême droite de Georgia Meloni veut en finir avec “ l’hégémonie culturelle de la gauche ”.
Le gouvernement de la cheffe de Fratelli d’Italia, Georgia Meloni, entend bien construire « un nouvel imaginaire italien » et pour ce faire, est en train de renouveler les dirigeants des institutions culturelles, accusées d’être trop orientées à gauche. Gennaro Sangiuliano, nouveau ministre de la Culture avait rapidement placé un journaliste d’extrême droite à la direction de la Fondation MAXXI de Rome, et assumait l’intention d’évincer les directeurs d’institutions d’origine étrangère pour placer des personnalités italiennes.
Pietrangelo Buttafuoco s’en fout
Un nouveau journaliste politique est nommé à la tête d’un haut poste du secteur culturel. Il s’appelle Pietrangelo Buttafuoco. Il est journaliste, d’extrême droite et prendra, après validation par la Chambre et le Sénat, la tête de la Biennale de Venise, d’ici mars 2024. Le gouvernement de Meloni, une droite nationale-conservatrice, héritière de la tradition politique post-fasciste, l’assume : il veut “en finir avec l’hégémonie culturelle de la gauche”. Le statut Whatsapp du nouveau boss ? ”Me ne frego”, « je m’en fous ». Un slogan fasciste hérité de Mussolini, repris par les groupes fascites violents réunis dans les Chemises Noires.
La Biennale, très politique
La biennale est l’une des cérémonies faiseuses de rois en termes de cinéma, notamment. Le palmarès est très politique. Cette année, trois des films récompensés traitaient des parcours de migration, de la crise migratoire et ses conséquences humaines (Agnieszka Holland a ainsi reçu le prix spécial du jury pour Green Border, Seydou Sarr le prix du meilleur espoir pour son rôle dans Moi, Capitaine).
Depuis un an, le gouvernement a nommé des proches du parti de Meloni à la tête de la Rai, l’audiovisuel public italien, et du grand Musée d’Art moderne et contemporain de Rome. Il y a aussi cet étonnant décret qui date de mai dernier et fixe l’age de la retraite des directeurs de théâtre étrangers… Les bons critères pour pousser à la retraite le directeur de la Scala de Milan, mais aussi des directions des Offices de Florence ou du grand musée napolitain, le Capodimonte.
Alors sur le papier c’est assez alarmant, mais plusieurs intellectuel‧les italien‧nes ne croient pas le parti capable de forcer un genre de récit national culturel, et disent d’ailleurs que tous les gouvernements italiens ont toujours eu tendance à placer leurs proches à la tête des médias d’influence nationaux.