Après l’annonce de sa candidature pour un cinquième mandat présidentiel, Abdelaziz Bouteflika suscite la révolte en Algérie mais aussi à Marseille. Notre correspondant sur place est allé prendre le pouls de la contestation phocéenne.
L’info selon la pêche du jour. Écologie, politique, société… Tous les matins dans le Today’s Special, Armel Hemme interroge un acteur de l’actu, pêché dans les profondeurs des fils d’infos.
La candidature pour un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, provoque une contestation populaire inédite en Algérie. Squaaly, correspondant de Nova à Marseille est allé prendre la température. Il était Porte d’Aix ce dimanche en début d’après-midi, aux côtés d’un peu plus d’un millier de franco-algériens des deux rives et des deux sexes, venus dire non au cinquième mandat de Bouteflika.
Un millier de manifestants étaient réunis pour donner de la voix contre le régime en place en Algérie, accusé de maintenir le pays dans la misère. Une révolte qui fait écho à la colère exprimée dans les rues de la cité phocéenne il y a quelques mois, suite aux effondrements de deux immeubles en centre-ville ayant causé la mort de 8 personnes. Une femme raconte « Je vis à Marseille depuis 1998, depuis 21 ans. J’ai grandi en Algérie, j’y ai fait mes études et j’ai commencé à y travailler. J’ai dû partir en urgence après avoir été menacée par les islamistes parce que je travaillais à la télé. J’ai fait une demande de titre de séjour et je suis encore là. Jean-Claude Gaudin était déjà maire, bien sûr. Au moins je n’ai pas été dépaysée ! »
Malgré les manifestations et les appels à ne pas se représenter, Bouteflika a bel et bien déposé sa candidature au Conseil Constitutionnel ce weekend, pour la présidentielle d’avril prochain. Petite subtilité : il se présente, mais promet de ne faire qu’un mini-mandat et d’organiser une élection présidentielle anticipée… Ce qui ne semble pas, pour l’instant, calmer les esprits.
Y’en a marre de cette corruption, de cette mal-vie, de tout ce système !
La manifestation s’est déroulée dans une ambiance bon enfant, mais les revendications sont claires. « Y’en a marre de cette corruption, de cette mal-vie, de tout ce système ! On veut la prospérité, on veut la paix. On a des ressources, que tout le peuple en profite, pas toujours les mêmes ! Jusqu’à quand on va faire le dos rond ? »
Des deux côtés de la Méditerranée, on reproche la concentration des pouvoirs à une élite vieillissante. « Au quotidien, la corruption c’est normal. C’est un mode de vie, un mode de fonctionnement, on la voit dans les enrichissements personnels. On la voit aussi dans des attributions de marchés à des entreprises qui ne sont pas qualifiées. »
Reste à savoir si ces voix seront entendues.
Visuel © Mathilde Beaugé / Marche de la colère le 14 novembre 2018