Le climatologue Pedro DiNezio définit ce mystère comme « la question en suspens la plus importante de la science du climat ».
Alors que l’ensemble de la planète se réchauffe, si bien que les océans ne jouent plus leur rôle d’amortisseur thermique, un tiers de l’océan Pacifique tropical, lui, refroidit. Une anomalie mystérieuse qui intrigue les scientifiques.
Et un, et deux, et trois degrés… Le mercure grimpe sur l’ensemble de la planète, ou presque : au large du Pérou et de l’Équateur, près d’un tiers de l’océan Pacifique refroidit, défiant les modèles et prévisions climatiques.
Une zone naturellement froide, notamment en raison des cycles El Niño et La Niña, des perturbations atmosphériques froides, qui font varier les températures du Pacifique environ tous les cinq ans. Mais la zone se refroidit en fait depuis 40 ans, particulièrement à mesure que le dérèglement climatique s’accentue, contrairement aux prévisions scientifiques…
Localement, le choc des températures, lorsque cette Langue Froide croise le reste de l’océan (plutôt hot), crée un certain type de vents, les alizées. Ces vents poussent de plus en plus l’eau contre les côtes des îles du Pacifique tropical. Ainsi, sur les îles Tuvalu et les îles Marshall par exemple, le niveau de la mer s’élève trois fois plus rapidement que dans le reste du monde.
Mais en réalité cette zone géographique influence les deux tiers du climat de notre planète : il fait augmenter les ouragans dans l’Atlantique, les sécheresse dans la Corne d’Afrique, aux États-Unis, au Chili. Faudrait il alors que cette langue réchauffe ? Si elle refroidit, ces phénomènes vont s’intensifier, mais si elle se réchauffe soudain, ce sont des feux de forêts qui feront des ravages en Australie et en Indonésie, des vagues de chaleur extrême dans le sous-continent indien… Parlez du battement de l’aile d’un papillon…
Alors c’est un mystère, mais les scientifiques ont tout de même des hypothèses. L’une d’entre elles attribue ce climat glacial au trou dans la couche d’ozone, qui favoriserait des vents violents autour de l’Antarctique et ferait remonter les eaux des profondeurs glacées à la surface, jusqu’aux tropiques. Une origine humaine, donc, puisque l’espèce est la fière artisane du trou dans la couche d’ozone, grâce aux merveilleuses molécules de chlorofluorocarbures de nos bombes aérosols, climatiseurs, frigos et autres pompes à chaleur…