Des trésors de rare groove !
Comme les compilations peuvent être belles, lorsqu’elles sont parfaitement sélectionnées à la main, et avec amour ! Dans cet exercice, le label Soundway s’illustre déjà depuis un bon nombre d’année, et c’est la raison pour laquelle nous observons toujours avec attention leurs sorties.
En effet, en 2016, c’est l’une des meilleures compilations de l’année que le label avait dévoilé : Doing it In Lagos: Boogie, Pop & Disco in 1980s Nigeria.
C’est en Afrique du Sud que les deux diggers Miles Cleret (Soundway) et DJ Okapi (Afrosynth Records) ont cette fois passé du temps à arpenter marchés et disquaires, pour nous offrir : Gumba Fire : bubblegum soul & synth-boogie in 1980s south africa. Et il s’agit là d’un véritable travail d’archiviste. En effet, aucun des morceaux présents sur la compilation n’avait connu une réédition ou une mise en ligne sur les plateformes d’écoute auparavant.
Toujours, très soigneusement éditorialisées, la compilation est concentrée sur une période très précise et des genres particuliers. Dans les communautés noires sud-africaines, les 80’s voient une disco déclinante commencer à lentement muter dans un genre plus lo-fi et moins chargé, où les synthés jouent un rôle probant au milieu de boîtes à rythme et des ces chants et harmonies emplies de soul qui sont la marque de la musique sud-africaine. Cette période est ainsi une transition entre les 70’s (qui voyaient se côtoyer le jazz et la funk d’inspiration américaine avec le Mbaqanga genre musical fondé sur les racines zulus dans lesquels infusent d’autres inspirations dès le début des 60’s) ; jusqu’à l’apparition du genre électronique qu’est le kwaito qui a pris le contrôle des pistes de danses sud-africaines dans les 90’s, (pour ensuite évoluer en Bacardi House et en Gqom, mais là on s’égare).
C’est cette période laboratoire qu’il est fascinant de redécouvrir, une période ou les gumba gumba, c’est-à-dire les enceintes qui diffusaient la musique dans les townships, et qui ont muté en une expression, gumba fire, pour parler d’une sacrée teuf. C’est bien cette fête là que l’on peut entendre en dix-huit titres sur cette compilation.
Visuel : (c) The Vinyl Factory