Post-rock, électro world et experimental.
Ceux qui n’ont jamais eu le temps ou l’idée de se brancher sur la musique électronique allemande ont perdu une des faces les plus élevées de la pop. À part Kraftwerk, Can et Neu, trois des groupes phares du « krautrock » (appellation ridicule de rock choucroute), il existe une série de compositeurs et d’orchestres qui, avec le temps, sont toujours aussi bons, à la fois puissants et raffinés.
Les Allemands sont, dans le même élan, des romantiques et des ingénieurs. Non seulement ils ont mis au point des machines et des studios de haut vol, mais ils ont fabriqué le son à leur convenance. Si vous aimez le planant, l’atmosphérique, les nappes de synthétiseurs, les drones, les glissendos, les cascades…mais aussi les percussions, qu’elles soient ouatées, stridentes, voilées, sourdes ou claires, alors les rois de l’électronique allemande vous tendent les bras.
Nappes, drones…et électro world !
Il existe aussi chez ces grands amateurs de sons et de rythmes, de l’électro world ! Car les musiques turques et indiennes sont venues enrichir cet héritage allemand, loin de n’être que robotique et synthétique. On trouve des musiques de chambre, des sonates, soudain hachées de percussions, mais aussi des fonds jazzy ou des guitares flirtant avec des sitars, des breaks dignes de Zappa et même des locomotives façon Fela Kuti et son afro-beat, comme des hors-pistes de l’électronique connue.
Une sorte d’électro sans frontières, soignée par des amoureux de fusion, ouverts aux influences, mais sur des structures réfléchies, des tempos étirés, une recherche permanente d’harmonie ou une certaine sérénité qui n’empêche pas le rythme et les échappées vocales.
Direction le futur
Popol Vuh (Florian Fricke) a illustré à la perfection ces adaptations au cinéma avec Werner Herzog (Aguirre, Fitzcarraldo…) Ces rares compositions touchent souvent au grand spectacle, au mini opéra, au cabaret rock…L’assurance des musiciens allemands, leur concentration, les éloignent de tout effet de show-biz ou de show tout court, ils roulent en grosse cylindrée sur l’autoroute musicale vers une destination un peu plus lointaine que les autres : le futur.
Deutsche Elektronik Musik. Experimental German Rock and Electronic Music(1971 1981). Double CD. 23 titres + livret illustré historique de 30 pages. Avec Klaus Weiss, AR Machines, Deutsch Wertarbeit, Dyzan, Missus Beastly, Alex, Agitation Free, Georg Deuter, Michael Bundt, Popol Vuh, Novalis, Bröselmaschine, Neu!, Between, LA Dusseldorf, Klaus Weiss, Achim reichel, Roedelius, Pyrolator, Cluster, Steetmark, Soul Jazz Records.
Visuel : (c) Soul Jazz Records