La revue de presse de Marie Misset du 9 janvier
Tous les matins dans Plus Près De Toi, Marie Misset fait sa revue de presse. Et tous les matins également, on la retrouve désormais aussi en ligne sur Novaplanet, cette revue de presse, écrite en ligne comme elle est dite à l’antenne.
Ce week-end, c’était la fin du Consumer Electronic Show, le CES de Las Vegas. Grande messe des startup et de l’electronique grand public. Depuis quelques années, les politiques français font tout pour qu’on les voit au CES et on apprend ce matin dans le Parisien deux choses ;
1. NKM, François Fillon et Michel Sapin, après avoir réussi à s’éviter pendant tout le salon, se sont retrouvés bloqués tous ensemble dans le salon VIP de l’aéroport de San Fransisco où ils ont continué le plus possible à s’ignorer.
2. Un homme en slip anti-onde a longuement couru après Michel Sapin.
Dans Libération, on découvre aussi que c’est grâce à François Fillon qu’on a Internet en France, en tout cas Libé se moque copieusement de lui qui a dit en marge du salon : « qu’est-ce que j’ai fait moi ? J’ai ouvert les télécoms à la concurrence vous pensez qu’il y aurait de l’Internet en France si on avait toujours France Télécom ? »
Probablement pas, merci François.
Mais la star du CES, ça n’a pas été les politiques français mais ALEXA. C’est ce que disent au moins Les Échos et l’Usine digitale, cette bonne vieille Alexa, l’assistant personnel qu’Amazon a mis au point, capable quand on lui demande de commander un taxi, prévoir des recettes, fermer la porte, régler la température de votre douche…
Au CES, précise Les Échos, on a vu toute sorte d’objets qui se sont équipés avec Alexa : frigidaire, machine à laver, enceinte…
D’après le cabinet d’étude Gartner, en 2019, 20% de nos relations avec notre smartphone se fera via un assistant personnel type Alexa. Un assistant pour parler avec son téléphone donc.
Cette popularité d’Alexa inquiète Alain Damasio, formidable auteur de science-fiction français, qui était cité par Sciences et Avenir dans un article en septembre. Il alerte contre ce que certains appellent la bulle et lui le technococon : « on va continuer d’acheter les produits qu’on a déjà achetés, regarder des films comme ceux qu’on a déjà regardés, et commencer à avoir peur de l’Autre, de ce qui est différent », et il ajoute que le risque d’un assistant virtuel trop compréhensif, trop personnalisé, c’est qu’il finisse par remplacer le besoin du contact humain : pourquoi s’embêter avec des gens qui ne comprennent rien si Alexa comble tous vos désirs et anticipe vos attentes ?
La page de commentaires des clients américains d’Amazon à propos d’Alexa, à laquelle Rue 89 avait consacré un article en 2015, lui donne plutôt raison. Les déclarations d’amour prolifèrent dessus. L’un estime qu’Alexia fait désormais vraiment partie de sa famille, et l’autre dit : « Alexa mon amour. tu es une épouse presque parfaite. »
Gérer une femme ou un conjoint qui vous contredit, qui n’accepte pas toujours vos décisions, bref une personne réelle qui existe pour de vrai, c’est l’un des buts d’un surprenant voire hallucinant week-end auquel un journaliste du jeune magazine en ligne le 4 heure a assisté.
C’était un week-end pour rendre aux hommes leur virilité, idée toute droit issue de la tendance masculiniste importée des États-Unis. Le nom seul de l’événement est éloquent : l’aventure initiatique du nouveau guerrier.
Qu’est-ce qu’on fait dans ce week-end ? Le journaliste incognito raconte : qu’on danse nu autour d’un feu pendant qu’un membre du staff crie ; « Vous êtes 140 ce soir. 140 paires de couilles. Même au Cap-d’Agde, vous ne verrez jamais ça. » C’est vrai ça impressionne.
On fait quoi d’autre ? On complète des phrases telles que « je suis un homme parce que … » avec des réponses types « je suis courageux, je pisse debout, je ne sais pas faire la cuisine ».
On fait quoi d’autre ? On prend des douches d’eau glacée tôt le matin, on fait une thérapie publique où des membres du staff jouent vos parents, il y a aussi un homme apparemment formé auprès de Chamans amérindiens, on se remet nu, on s’enduit de boue, on se choisit un animal totem. On asperge ses vêtements de sauge et des hommes tels que Michel 48 ans finissent par s’exclamer : « si je n’avais qu’une chose à dire, ce serait Rrraooor ».
Et surtout quand on quitte, le week-end il est recommandé de ne rien raconter, car d’après le staff : « d’abord, ça dissuaderait les gens d’y participer. Et puis, sorti de son contexte, ce n’est pas racontable, vous pouvez toujours essayer, ce sera bizarre ».
On voit pas du tout pourquoi.
L’article un peu plus nuancé que les morceaux choisis que j’ai sélectionné est donc à retrouver sur le 4 heures.
Visuel : (c) DR