L’artiste palestinienne a été arrêtée en Cisjordanie.
Dimanche matin, la pionnière de la scène techno palestinienne Sama Abdulhabi a été arrêtée par les autorités du pays, avec plusieurs autres personnes. Elle organisait la veille au soir une performance musicale à Nabi Musa, lieu archéologique et religieux en Cisjordanie occupée. Selon les Musulmans, c’est le lieu présumé de la tombe du prophète Moïse, près de Jéricho.
Depuis son arrestation, le 27 décembre dernier, une pétition a été lancée anonymement, afin d’appeler à la libération immédiate de l’artiste “retenue à tort et sans raison valable”, selon Change.org.
D’après le texte qui accompagne la pétition en ligne, des dizaines de jeunes avaient fait le déplacement entre Jérusalem, Bethléem et Ramallah pour assister au concert. Pendant la soirée, plusieurs civils se seraient opposés au regroupement musical en expulsant de force les participants.
Plusieurs personnes présentes sur place expliquent que l’évènement était organisé dans une partie du bâtiment à côté du lieu saint. Régulièrement, des festivités culturels y étaient organisés.
De plus, le père de la DJ affirme, tout comme le média musical local, que le Ministère du Tourisme palestinien avait préalablement donné son accord pour ce concert de techno. Sur Instagram, le document officiel a été partagé, avec signature des autorités. L’objectif de cette soirée était de promouvoir la culture palestinienne en réalisant un documentaire vidéo tourné au cœur du site archéologique.
Une vague de réactions
Face à l’ampleur de la situation, Ammar Dweik, directeur de la Commission palestinienne indépendante des droits de l’Homme, (une organisation créée par l’Autorité palestinienne), estime que le lieu n’est pas uniquement réservé à la religion, “(…) si la musique électronique n’y était pas appropriée, le ministère n’aurait pas dû donner son autorisation », tout en précisant que la détention de la jeune femme DJ avait été prolongée, mardi 29 décembre, de quinze jours.
Sur les réseaux sociaux, les avis divergent. Des vidéos de la soirée ont été relayées, provoquant des vagues de haine. Certains parlent de profanation d’un lieu de culte. D’autre, comme l’organisation Al-Haq de défense des droits de l’homme critique l’arrestation de Sama Abdhuladi. Selon eux, elle serait arbitraire et uniquement réalisée pour satisfaire certaines opinions politiques.
Le média MixMag France explique qu’en Palestine, “plusieurs témoins indiquent que la Direction générale du renseignement (communément appelée le Mukhabarat), principal service chargé de la sécurité intérieure, organise fréquemment des descentes, sans mandat, dans les bars et soirées privées qui ont lieu dans les habitations du pays.”.
Plusieurs musiciens Palestiniens se confient au magazine en témoignant de leur violente arrestation et emprisonnement sans mandat.
Lors de son passage à La Gaîté Lyrique à Paris en 2017, Sama Abdulhadi nous expliquait vouloir apporter son aide via la musique à sa communauté meurtrie par les guerres, les annonces violentes et négatives sur les chaînes palestiniennes.
Visuel © Radio Nova
Mise à jour
Sama Abdulhadi a été relâchée sous caution et est rentrée chez elle saine et sauve après huit jours d’emprisonnement, selon la pétition lancée sur Change.org.
Elle ne serait pas encore sortie d’affaires puisque les autorités lui imposent une restriction de sortie en dehors du pays et engagent une enquête approfondie basée sur les accusations de profanation d’un lieu sacré. À cela s’ajoute la violation des mesures d’urgences sanitaires.
À ce jour, la DJ est en attente du verdict et de la décision du procureur général. Elle encourt jusqu’à deux ans de prison si les charges sont retenues contre elle.
Le texte ajouté à la pétition éclaircit également le contexte dans lequel avait lieu l’événement musical.
Fin 2020, Sama Abdulhadi participait à un programme de valorisation et présentation de la scène musicale palestinienne pour “la plateforme mondiale de musique électronique Beatport” selon Change.org. “Beatport diffuse des émissions hebdomadaires tout au long de la pandémie de COVID-19”. La performance de Sama venait s’ajouter à ce projet, en présence d’une trentaine d’amis de la DJ ainsi que toute l’équipe de travail.
La jeune femme déclare être aujourd’hui en sécurité et être très touchée par le mouvement mis en place pour sa libération immédiate, “Je suis submergé par le soutien de mes collègues musiciens, artistes, activistes et toute la communauté musicale.”.
Visuel © Radio Nova