G U E M, 4 lettres, juste 4 lettres sur des pochettes de disque qui pour beaucoup marquent une époque. GUEM, 4 lettres qui ouvrent une porte sur l’Afrique au début des années 70 et donnent à entendre un continent de rythmes et plus encore un monde de musiques et de danses.
Guem, Abdelmadjd Guemguem de son vrai nom, nous a quitté le 22 janvier dernier, il allait avoir 74 ans, le 9 mars prochain.
Ce gamin de Batna, au Nord-Est de l’Algérie, percussionniste, danseur et footballeur avait quitté la capitale des Aurès dans les années années 60 pour venir jouer au Red Star, à St-Ouen en périphérie de Paris.
Mais plutôt que de se contenter de taper dans le ballon, il frappe aussi les peaux tendus de ses tambours dans les cafés des quartiers populaires de la capitale française, avant de se produire sur la scène de l’American Center, l’institution culturelle parisienne. On l’y voit aussi bien jouer au côté des jazzmen Steve Lacy, Michel Portal, que du bluesman Menphis Slim ou de la chanteuse Colette Magny. Il y donne des cours aussi. C’est un prolongement naturel de son activité de musicien. « Une passion ça se partage » aimait-il à répéter.
S’ils sont nombreux à avoir appris à ses côtés, ils sont plus nombreux encore à s’être nourri des rythmes de ses albums, à avoir essayer de les reproduire, de s’inspirer de leur musicalité. Il est sans en avoir eu conscience l’inventeur officiel de la notion de distanciel, tant ils sont nombreux a s’être formé à l’écouter de ses disques, sans jamais le rencontrer. Pour le tabliste Prabhu Edouard ou Hamid Gribi avec qui je me suis entretenu depuis l’annonce de le décès de l’Homme aux Mains d’Or comme on le surnommait, il est une source d’inspiration. Le premier salue au-delà de sa technique rythmique, sa capacité à inventer des grooves et des mélodies, à faire chanter les peaux celle des tambours comme celles de son public, de ses auditeurs. Il savait donner du grain à moudre au percussionniste venu l’écouter comme au néophyte. C’était un généreux passeur, un danseur aussi. C’était un maître, un Ustad comme on dit en Inde, un musicien qui avait ses preuves sur scène, qui compose et transmet.
Hamid Gribi se souvient lui qu’il y a une quinzaine d’années alors qu’il faisait sa première partie avec le groupe marseillais Jugal Bandi, Guem était venu le voir après les balances pour lui demander si il était d’accord pour l’accompagner sur un titre. Bien sûr avait dit le musicien qui s’en souvient encore. Une anecdote qui ne surprends pas le percussionniste Guadeloupéen Roger Raspail qui, en 1976, était venu suivre les cours de Guem au Centre Américain et s’était retrouvé sur scène avec lui au Festival de Jazz de Nîmes . On a joué ainsi à plusieurs reprises et j’ai eu le bonheur de l’inviter en retour sur l’un des mes concerts au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers.