« Migrant Sound », le son de la migration britannique.
C’est une série documentaire signée Boiler Room. À l’occasion des 70 ans du « Windrush », le nom du bateau qui permit une vague d’immigration des Caraïbes vers l’Angleterre en 1948, Migrant Sound explore l’impact de la migration sur la musique britannique. Le premier des quatre épisodes vient d’être publié, il remonte aux années 70 et recoupe anecdotes familiales, récit sociétal et évolutions musicales suite à l’immigration caribéenne et notamment jamaïcaine au Royaume-Uni.
Une analyse particulièrement à-propos, alors que le Royaume-Uni essuie depuis quelques mois l’un des plus gros scandales de son histoire, révélé par le Guardian. Depuis 2013, des citoyens britanniques sont en effet expulsés, détenus et privés de leurs droits, parce qu’ils sont nés dans les Caraïbes à l’époque où elles étaient britanniques. Ils sont pourtant considérés comme des « sujets de la Reine » (c’est-à-dire détenteurs d’une nationalité britannique) s’ils en sont partis avant 1973 et n’ont pas quitté le Royaume-Uni pendant plus de deux ans. Mais beaucoup n’ont jamais fait la démarche de demander leurs papiers, par manque d’information, ou par peur de l’administration.
« Environnement hostile »
La politique anti-immigration mise en place lorsque Theresa May (l’actuelle Première ministre) était ministre de l’Intérieur, préconise une politique dite « d’environnement hostile », destinée, comme son nom l’indique, à rendre les conditions de vie les plus insupportables possibles pour les personnes sans papiers, afin de les pousser à partir. Elle a également mis en place un système de dénonciation auquel doivent se plier propriétaires, employeurs, ou encore les hôpitaux publics, sous peine d’une amende de 10 000 livres, lorsqu’ils sont confrontés à une personne ne disposant pas de papiers.
On estime qu’une soixantaine de personnes nées dans les Caraïbes avant 1973 mais incapables de prouver leur nationalité britannique ont été déportées de force. Des centaines d’autres ont été détenues, menacées d’expulsion ou privées d’aides sociales. Il s’agit pour la plupart de retraités, qui vivent au Royaume-Uni depuis plus de 50 ans, parfois même de leurs enfants. Ce scandale a mené à la démission de la ministre de l’Intérieur Amber Rudd, en avril dernier.
Visuel : (c) Migrant Sound