Longtemps ça m’a énervé. Faut dire que c’était systématique… à chaque fois, dès que je mettais un pied dehors pour aller boire un café au café ou acheter de la drogue au drugstore, je n’y coupais pas ! A chaque fois, dès que je croisais un ami, une connaissance, et parfois même un parfait inconnu, fallait qu’il me vomisse son amour des séries, dans un éloge sans fin.
Fallait qu’il m’explique que le genre avait révolutionné le cinéma. Que le format offrait plus de libertés, que c’était innovant pas trop long, et surtout bien pratique les week-end de pluie, qu’en un marathon, tu pouvais te faire tous les épisodes d’un seul coup d’un seul ou presque. Je souriais parce que le mot épisode, me faisait resurgir des images des Saintes Chéries ou de l’Homme des Picardie, les séries de mon enfance, les feuilletons comme on disait !
Dernièrement couvre-feu oblige, je me suis reposté devant ma télé et ai lancé une série presque au hasard. Et le hasard a bien fait les choses ; car cette série a été réalisée pour moi je pense. Pour moi et toutes les personnes qui comme moi sont un poil bordélique. Je l’avoue, j’suis si bordélique que pour moi on ne compte plus en poil, mais en moumoute. J’suis si bordélique que lorsque que j’ai regardé le nouvel Arsène Lupin… je n’ai même pas été capable de visionner les 5 épisodes dans l’ordre.Revenons à la série qui occupe mes soirées de cette fin janvier. Il ne s’y passe rien, mais tellement rien, rien avant, rien pendant et rien après, que ça ne change rien, il ne se passe toujours rien et on trouve ça normal, pire on aime, moi en tout cas ! La série s’appelle The Detectorists et tourne autour de deux héros Andrew et Lance qui n’ont rien d’héroïque, deux chercheurs de métaux qui espèrent bien dénicher un trésor. On les suit week-end après week-end, faisant flotter leurs détecteurs à quelques centimètres du sol, dans la campagne anglaise, la camera ne nous épargne aucun coquelicot, aucune pie, aucune brindille ou meute de terre. Et bien sûr hormis des capsules abandonnées, ils ne n’invente rien et nous, on en redemande. Andrew et Lance sont deux bons amis à qui il n’arrive pas grand-chose. Leur destin de loosers les devance. Leur vie est ainsi tricotée, une maille à l’endroit, une maille à l’envers, une maille à l’endroit, une mille à l’envers, une maille à l’endroit, une mille à l’envers, une maille à l’endroit… Une sorte de Derrick britannique où l’amitié bienveillante de nos deux héros aurait pris le pas sur la solitude de l’inspecteur. Leur casque rivé aux oreilles, Andrew et Lance sont coupé du monde et ça fait un bien fou. Habituer son cerveau à l’ennui est dans les mois à venir. J’en redemande même sans vraiment me soucier de l’ordre. Je replonge dare dare, un autre pour la route voire un troisième. La série s’appelle The Detectorists. Très anglais, et puis, moi j’ai pas le temps, je préfère dormir.