Signé chez Erased Tapes, l’Anglais sort le clip d’un monde désolé. Et annonce un nouvel album.
Erased Tapes, ce label londonien qui porte bien mal son nom (ces disques-là ne sont pas des erreurs, ou alors, des erreurs vraiment très heureuses), sort depuis un peu plus de dix ans quelques-uns des plus grands disques qui, au sein d’une niche merveilleuse, permet à deux entités, a priori inverses (la musique classique contemporaine et les musiques électroniques minimales) de se rencontrer, de se confronter, de formuler l’idée d’un métissage absolu.
Fondé par le très érudit Robert Raths en 2007, le label a ainsi accueilli et peaufiné les disques de l’Islandais Olafur Arnalds (en solo ou en duo, avec Janus Rasmussen sur le projet Kiasmos), de l’Allemand Nils Frahm (dont le dernier en date, sublime, All Melody), de l’Anglais Penguin Cafe (descendant de Penguin Cafe Orchestra, dont le cultisme Music from the Penguin Cafe Orchestra a également été réédité l’an passé chez Erased Tapes), de l’Américain Peter Broderick. Également signé chez ce label basé à Londres, mais ouvert sur le monde, l’Anglais Ryan Lee West, à la tête de son projet Rival Consoles – sans doute le plus électronique du label -, un artiste qui s’apprête à sortir son onzième disque (EP compris, dont un en collaboration avec Kiasmos) sur la structure britannique.
Ce onzième disque, parce que ce producteur-là est un garçon cultivé et sensible, se nommera Persona, une référence, évidente, au film du même nom du Suédois Ingmar Bergman, et surtout, nous glisse-t-on, à ce générique dans lequel un enfant tend sa main afin de toucher le visage d’une femme qui se trouve projetée, dans le même temps, sur toute la largeur d’un écran. « Cette image puissante a frappé Ryan et elle a donné le ton de cet album – une exploration du personnage et de la différence entre la façon dont nous nous voyons et comment les autres nous voient : les espaces entre les deux ; entre les états, les gens, la lumière et l’obscurité, le personnage intérieur et le personnage extérieur. »
Premier titre de ce successeur discographique au mini-album Night Melody, sorti en 2017, Persona est aujourd’hui présenté par le biais d’un premier clip, celui du superbe « Untravel » qui, malgré son intitulé et par la grâce de cette electronica qui plane, qui s’étire, qui s’étend, nous permet de voyager bien loin. Le clip du morceau est signé par le vidéaste Misha Shyukin, propose une vision désolée et déformée du monde, et permet de patienter avant la sortie du disque le 13 avril prochain.
Visuel : (c) Özge Cöne