La chronique de Jean Rouzaud
Győző Vásárhelyi, dit Victor Vasarely (1906 – 1997), actuellement exposé au Centre Pompidou, est un Hongrois naturalisé français en 1961. Cet homme un peu à part a mis au point, au cours des années 60 ce que l’on allait appeler l’Art Optique… Après un an d’études plastiques à Budapest, il s’installe à Paris en 1930. Il commence par vivre de travaux pour la publicité chez Havas, et toutes les agences qui lui commandent des piges : des affiches parfaitement dans le goût de l’époque…
En 1939, une peinture intitulée Zebra, va sonner le départ de ce que le monde va adopter sous le nom international d’OP ART : il s’agissait de deux zèbres entremêlés, formant avec leur rayures en perspectives, comme des volumes enchâssés.
Ses premières peintures abstraites, de formes très pures et simples font penser à celles de Hans Arp, un Dadaïste influent.
Puis, ce sera deux décennies de recherches et travaux autour d’une abstraction géométrique colorée, limitant formes et couleurs. De grandes œuvres à la cathédrale d’Evry, puis 25 vitraux d’église à Port Grimaud. En 1972, avec son fils Yvaral, il modernise le sigle Renault dans le style Op Art : le losange prend du volume, par l’alternance de bandes noires et blanches et de chevauchements, classiques du trompe-l’œil.
Les commandes de grosses entreprises, ou même des commandes d’État, permettent à Vasarely de créer une fondation, reconnue en 1971. Avec un musée à Gordes, un centre architectonique à Aix-en-Provence, et deux musées en Hongrie : à Pécs dans les années 70 et à Budapest dans les années 80. Ses expositions, au cours des années 60 et 70, présentent des toiles, puis des sérigraphies aux tons de plus en plus raffinés, simulant des cubes, des cibles, puis des sphères en perspective dont les parois bombées semblent en volume, par l’illusion des formes et des couleurs qui paraissent avancer ou reculer, créant une fausse perspective.
Un effet optique, un trompe-l’œil abstrait, gratuit, comme une prouesse de dessin
Chéri par le président Pompidou, pour lequel il a fait le portrait en lignes verticales variables pour le centre Beaubourg, et bien d’autres murs colorés. Il sera ensuite sous le socialisme un peu mis au rencard : changement de politique et d’artiste oblige… Son style intransigeant et sa ligne directrice ont fait de lui le meilleur représentant de cette école de peinture à part ou l’artiste s’efface devant le but à atteindre : un effet optique, un trompe-l’œil abstrait, gratuit, comme une prouesse de dessin.
Rien de commun avec le Pop Art auquel on associe parfois l’OP Art, ce dernier souvent été plébiscité pour son aspect mural, architectural… comme à la gare Montparnasse : c’est l’époque plane de Vasarely.
L’œuvre de Vasarely a trouvé une place de premier plan dans la culture populaire, et reste un symbole des années 60-70.
Vasarely. Le partage des formes. Exposition au Centre Pompidou. Du 6 février au 6 mai 2019. 300 œuvres, objets et documents sur toutes les époques du peintre (il existe d’autres artistes optiques comme François Morellet, Julio Le Parc, et quelques étrangers, dont certains vont s’orienter vers l’Art Cinétique, également basé sur des illusions optiques, mais en mouvement , à l’aide de petits moteurs électriques ou d’ articulations qui font « bouger » les éléments des œuvres…)
Visuel (c) Getty Images / Francis Apesteguy