Cet écrivain parisien, auteur d’une relecture du mythe de Lancelot du Lac pour écoliers timides, conseille d’user de nos « armures intérieures et épées imaginaires » afin de remporter toutes les épreuves.
« Connaître les divisions à trois chiffres ne permet pas de dépasser ses peurs ; ce n’est pas en accordant comme il faut les participes passés qu’on réussit à vivre un grand amour. » Ainsi s’exprime en secret le jeune Lancelot Dulac, « trente-et-un kilos virgule cinq » (il s’est pesé sur la balance de la pharmacie de sa mère), armé d’un prénom de chevalier, qui lui pèse un peu, mais qu’il entend honorer depuis qu’il se sent prêt à « prendre des risques préhistoriques » pour conquérir le cœur de Jennifer, sa Guenièvre qui porte une robe couleur citron « subtilement assortie à sa chevelure ». Lancelot n’a jamais défendu de château (« faute de château dans le secteur »), mais pour se montrer digne de son illustre prédécesseur patronymique, il part en quête de bravoure. Car, ciel : Jennifer a disparu.
C’est le noble objectif de Lancelot Dulac, ce conte pour écoliers timides que l’écrivain parisien Victor Pouchet, également professeur de français et juré facétieux du Prix de la Page 111, vient de publier à L’Ecole des Loisirs, avec de très belles illustrations de Killoffer. Il en livre ici la morale pour adultes souhaitant réussir à « traverser le chaos du monde ». Pour aujourd’hui comme pour demain, l’auteur d’Autoportrait en chevreuil (éditions Finitude, 2020) conseille d’user de nos « armures intérieures, lances transparentes, épées imaginaires » afin de remporter toutes les épreuves : choisir son shampoing, aider un.e inconnu.e dans la rue, articuler l’amour courtois après trois gin-tonics. Et « bientôt, très logiquement, des troubadours chanteront en octosyllabes nos histoires d’amour par textos. » Un futur hautement désirable.
Pour écouter la précédente utopie de Victor Pouchet, c’est ici : https://www.nova.fr/news/victor-pouchet-demain-disparaitra-quand-voudra-39455-10-06-2020/
Image : Monty Python Sacré Graal !, de Terry Gilliam & Terry Jones (1975).