Aujourd’hui, un titre issu du disque « Rap Album Two », dans lequel Jonwayne se confie sur son absence.
Ce matin Sophie, tu rêves d’honnêteté ?
Oui, je me dis que j’aurais aimé que Sandrine Rousseau puisse répondre à Bourdin pourquoi, si c’est bel et bien le cas, elle rechigne un peu à soutenir la candidature de Yannick Jadot. J’aurais aimé qu’elle dise comme ça, en toute franchise, tout ce qui l’oppose à ce candidat, même s’ils sont d’une même famille politique. Non pas pour monter les électeurs contre lui, mais juste pour pouvoir s’affirmer à cœur ouvert et pour que la politique ait aussi le droit à des nuances.
J’ai donc choisi de vous passer un artiste qui, lui, a pu se permettre cela. Cet homme s’appelle Jonwayne, c’est un grand bonhomme qui a grandi dans les banlieues de Los Angeles. Au début des années 2010, il se fait repérer par Stones Throw, parce qu’il écrit super bien et rappe avec une nonchalance dingue, se fait valider par Madlib et puis le Wu-Tang, sort des disques acclamés. Et puis un jour, après une série de concerts où le public se comporte de manière idiote et méchante, il plaque tout. Parce que l’art lui ronge le cœur, que l’industrie musicale l’abîme chaque jour un peu plus et que s’il veut survivre, garder un peu confiance en lui, il doit tout abandonner.
À l’époque, les gens remarquent son absence et puis passent un peu à autre chose. Mais en 2017, quand Jonwayne revient avec un nouveau disque et qu’on lui demande où il était passé, il a envie de parler. D’expliquer sa dépression, son alcoolisme, son passage à vide, de dire vraiment ce qu’il pense de ce milieu et de ses complexités. Et ça, il l’explique en interview, mais aussi dans son disque, sobrement appelé Rap Album Two, une œuvre hors du commun.
En musique, comme en politique, ça fait bizarre les gens qui parlent aussi honnêtement. Mais ça fait aussi beaucoup de bien.