Aujourd’hui dans Vitamine So : « The Anonymous Club » un hymne à l’anonymat par la chanteuse australienne Courtney Barnett
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Alors, la musique est-elle pour ou contre l’anonymat ?
J’ai choisi ce matin un morceau en faveur de l’anonymat, avant tout parce que le morceau est magnifique et qu’il est signé de Courtney Barnett : une musicienne qui compose de parfaites bandes sons automnales.
Courtney Barnett a pourtant grandi en Australie, à Sydney, une ville qu’on a l’habitude d’imaginer solaire, et pop. Mais c’est pas comme ça que les choses se sont passées pour elle. Sa jeunesse, raconte-t-elle, a été morose, et la musique, le rock, le grunge américains ont été ses compagnons de route. Ce qui explique sans doute que quand elle chante, on s’imagine qu’elle a grandi dans le fin fond de Seattle ou de Washington.
Au début des années 2010, elle a commencé à composer ses propres balades, ses propres chansons très inspirées et inspirantes. Et parmi les premières chansons qu’elle sort, il y a un titre qui s’appelle The Anonymous Club.
Un hymne à l’anonymat qui est pour elle est d’abord la garantie de la tranquillité. Ce que Courtney Barnett chante c’est la déconnexion du monde, le petit pas de côté où l’on quitte un peu la société pour prendre du recul. Elle s’imagine, et nous chante une soirée, où chacun dépose à l’entrée d’un appartement ses chaussures et son téléphone. Dans cette soirée, personne n’a de prénom, ou de nom de famille, pas besoin de se raconter non plus qui l’on est dans le monde extérieur. Non. Ici l’anonymat règne. Et il permet de se réinventer.
Mine de rien, ce combat là que chante Courtney Barnett, qui a l’air intime et léger, il rejoint aussi le combat de certains activistes d’un internet résistant, qui voient l’anonymat comme la garantie d’un contre-pouvoir et d’une parole indépendante en ligne.
Même ailleurs dans la musique, dans la littérature, l’anonymat ou le pseudonymat a toujours permis à une certaine contre-culture d’exister, et de prendre le recul nécessaire pour analyser, critiquer, et interroger nos sociétés. C’était d’ailleurs une des perspectives d’internet à ses débuts, de déjouer la censure et la surveillance par l’anonymat pour mieux questionner.
Alors certes aujourd’hui, les réseaux sociaux ont changé le rapport aux alias et au pseudo, et le débat ne va pas se régler en écoutant un morceau. Mais puisque aujourd’hui internet est entre les mains de GAFAM et de plateformes privées, ou de l’Etat, qui ont tout intérêt à savoir qui l’on est, ce que l’on mange, ce que l’on pense, où l’on vit, et pour qui on peut voter, je crois qu’écouter Courtney Barnett permet de se souvenir que justement parfois, ne pas dire son nom, c’est aussi se protéger.
Alors rejoignez The Anonymous Club, une chanson de Courtney Barnett qu’on écoute sur nova.