Aujourd’hui dans Vitamine So, un crossover musicalopolitique assez improbable avec « C’est beau la vie » de Doc Gyneco et Bernard Tapie
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Un homme politique qui aime Aya Nakamura, Sophie ça te donne envie de jouer quoi ?
Et bien le fait que Gabriel Attal écoute Aya Nakamura, je trouve ça chouette qu’il l’annonce, je me dis que c’est sans doute pour passer pour une jeune homme cool, proche de nous. Et ça, ça reste de la politique. Bon. Mais ça me donne envie de lui présenter deux trois personnalités qui sont allées encore plus loin, et qui ont elles-mêmes poussé la chansonnette.
Dans différents registres. D’abord, ce matin, je voulais vous réveiller avec le son d’un petit instrument à vent joué par un certain V.G.E, Valéry Giscard d’Estaing, qui en 1973 à l’époque maire de Chamalière et en campagne présidentielle, confie à Danièle Gilbert dans une interview être un joueur amateur d’accordéon. À l’époque, ça avait intrigué, et ça avait participé à lui forger une image d’homme accessible, et proche du peuple.
Donc V.G.E qui joue de l’accordéon, c’est classique et c’est connu. Mais certaines personnalités politiques sont allées encore plus loin et ont osé pousser la chansonnette dans les médias. Et si l’on sait que Raffarin et Sarkozy sont d’immenses fans de Johnny Halliday, et bien prendre le micro façon télé crochet pour le prouver c’est encore autre chose. Et une certaine Arlette Laguiller, elle, a osé. On est en 1993, elle aussi a été candidate à l’élection présidentielle, et la voici sur France 2, face à Pierre Perret devant qui elle va reprendre sa propre chanson « Mon Ptit Loup ».
C’est audacieux quand même ! Finalement c’était une époque où c’était relativement fréquent. Il y a comme ça des images de Lionel Jospin chantant Yves Montand, de Lionel Mamère interprétant son propre morceau, qui l’eut cru, « Les Enfants de Par Là ». Bref de personnalités politiques qui soit ont une passion complètement sincère, soit on l’idée que de les savoir mélomanes, certains vont voter pour eux.
Mais le plus dingue de ces crossover musicalopolitique, je crois qu’on le doit à Bernard Tapie. C’était en 1998 et rappelons-le, à l’époque il vient de quitter le parti socialiste, est engagé dans des procédures judiciaires, et il se dit que faire une chanson avec Doc Gyneco est une bonne idée. Surtout si le morceau lui permet de régler ses comptes, de se justifier publiquement, de passer pour un gars cool, hors des clous et rebelle. Alors tous les deux composent le titre “C’est Beau la Vie”, avec les coeurs inoubliables de la chanteuse Assia, trop souvent oubliée.
Ce morceau, c’est n’importe quoi en termes de collusion pop et politique ; les deux compères y parle sans complexe de gangster, de match truqué, se comparent à Pablo Escobar. On avait déjà entendu Tapie chanter des années auparavant, mais là c’est d’un autre niveau. C’est se servir de la musique pour séduire, en regardant droit dans les yeux le public et les électeurs.
Alors voilà, peut être que Gabriel Attal, s’il veut vraiment tenter la séduction, peut-il proposer un duo à Aya Nakamura. En attendant, voici un des duos les plus improbables de la chanson française. Doc Gyneco et Bernard Tapie, « C’est beau la vie ».