Aujourd’hui dans Vitamine So, la version d’Isaac Hayes d’un classique de la pop « I Just Don’t Know What To Do With Myself »
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Les hésitations de Roselyne Bachelot, Sophie, t’ont donné envie de nous parler d’un standard de la musique.
C’est vrai que les atermoiements de notre ministre de la culture m’ont donné envie ce matin de vous parler d’un titre superbe, qui a en plus le bon goût de parler du fait de ne pas savoir quoi faire et de tourner en rond. À savoir « I Just Don’t Know What to Do With Myself ».
Ce morceau, c’est vraiment ce qu’on peut appeler un standard de la pop qui a été composé par les rois du genre, Burt Bacharach et Hal David en 1964, et qui a depuis été repris des centaines de fois. À l’origine, cette chanson d’amours déçues est écrite pour un chanteur de r&b, Chuck Jackson.
Mais c’est quand Dusty Springfield va l’orchestrer et l’interpréter quelques mois plus tard que le titre va toucher tout le monde droit au cœur. Parce qu’il parle, sans amertume et avec une sincérité assez désarmante, d’une solitude subie et d’un déroutement qu’on a toutes et tous un jour connu.
Le titre du morceau « I Just Don’t Know What to Do With Myself », veut dire « je ne sais plus quoi faire par moi-même », et je me permets d’imaginer que d’une certaine manière Roselyne Bachelot doit ressentir ce même genre de sentiment d’impuissance. Elle qui nous avait promis de nous prendre au sérieux, nous la culture, de tout faire pour que les salles de concerts, les clubs, les cinémas rouvrent, alors que finalement non. Parce que face à un centre commercial, un centre d’art est visiblement non essentiel. Et que même ministre, elle est un peu seule face à d’autres priorités.
Et puis il n’y a pas que ça, dans le cœur de cette chanson, on entend la plainte : « regarder un film me rend triste, et pour les fêtes, c’est pareil, quand je suis sans toi, sans vous, je ne sais plus quoi faire ».
Et je ne peux m’empêcher d’y voir une belle description de notre vie en cette fin d’année. Privée de la compagnie des autres, ou de la plupart des autres, destinée à vivre en boucle les mêmes choses tous les jours. Effectivement, quand on est seul, loin les uns des autres, coupé de celles et ceux avec qui on fait d’habitude société, et bien on s’ennuie. On tourne en rond, et on ne sait plus quoi faire avec soi-même, par soi-même.
Bon, je vous rassure, même si son histoire est un peu triste, ce morceau est vraiment beau. Et je sais que certains, certaines d’entre vous s’attendent à ce que je joue la version qu’en a faite les White Stripes, qui est très cool, mais non. J’ai choisi la voix folle d’Isaac Hayes pour vous réveiller. Comme quoi même les crooners peuvent se sentir seuls.
Visuel © pochette de The Isaac Hayes Movement d’Isaac Hayes.