Aujourd’hui dans Vitamine So, la reine de l’explicite et de l’honnêteté : Bessie Smith.
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Alors ces discours à double-sens par Carla Bruni, ça donne envie d’écouter quoi ?
Une femme à l’opposée de Carla Bruni – une dame qu’on a nommée l’Impératrice du Blues – mais qu’on aurait sans doute pu aussi nommer la reine de l’explicite et de l’honnêteté : Bessie Smith.
Bessie Smith, elle est née en 1894 dans le Tennessee. Orpheline à 9 ans, elle fait des spectacles de rue avec son frère et apprend à chanter, et à divertir. Elle apprend aussi à ruser – et ça va lui être utile toute sa carrière.
Bessie Smith elle fait partie des premières blueswomen, avec Gertrude Ma Rainey – et c’est une icône féministe, homosexuelle et audacieuse de la musique. Simplement comme l’histoire du blues a été souvent écrite par des hommes blancs – on a un peu eu tendance à l’oublier. Alors que non seulement elle chantait bien, mais elle chantait certains sujets comme personne.
Les premiers succès du blues sont signés par des femmes noires
Il y a un bouquin d’Angela Davis qui raconte ça très bien : et qui lie le blues et le féminisme noir autour en autres de la figure de Bessie Smith. On y apprend notamment que dès les début du genre, avant même les bluesmen solitaires, toujours sur la route avec un banjo ou une guitare entre les mains, les premiers succès du blues sont signés par des femmes noires. Qui décident d’investir complètement la chanson et d’en faire un lieu de libération sexuelle, féminine, politique.
Et de le faire souvent de manière très explicite : Bessie Smith a par exemple écrit très tôt sur les violences conjugales, sur l’autonomie économique, et sur la sexualité aussi. Il y a des tonnes de morceaux de Bessie Smith qui parle clairement de son désir. Et Angela Davis – explique très clairement pourquoi – le blues il apparaît dans les décennies qui suivent l’esclavage, qui n’était pas seulement physique mais aussi sexuel.
Les femmes, les hommes n’avaient pas de liberté de choisir leurs partenaires par exemple, où d’explorer leurs amours individuels. On sait que l’esclavage était aussi sexuel.
Alors le blues – libérateur – devient un lieu d’émancipation – individuelle, sociale mais aussi physique. Ce que Bessie Smith et les premières blueswomen vont chanter c’est la reconquête de leur corps, de leurs envies et leurs affranchissements sexuels. Et elles vont le faire en dehors des conventions – à cette époque la chanson populaire américaine, blanche, chante le couple, l’amour des contes de fée, le bonheur conjugual.
Mais les blueswomen elles vont être honnêtes : elles vont raconter les déboires conjugaux, les ambiguïtés de la vie domestique, les blessures, l’impétuosité de certaines pulsions. L’idée du mariage éternel est tourné au ridicule, et ces morceaux ne sont que plus libérateurs.
Par exemple le clarissime « I’m Wild About that Thing », je raffole de cette chose là. Qui va à l’essentiel et qui est en plus magnifique. C’est Bessie Smith – en 1929.