Aujourd’hui, une artiste qui se sert de sa voix pour porter celle des autres.
Certains prétendent que l’Europe devrait se doter de murs pour stopper les flux migratoires. Sophie, que répondre à ce genre d’infamie ?
On pourrait commencer par se demander à quel moment on a atteint un tel niveau de racisme, de cynisme, d’inhumanité. À quel moment peut-on croire que c’est une opinion, quelle soit de gauche ou de droite, de dire qu’il serait préférable de laisser ces milliers de personnes dans le froid, parce qu’on les a laissées avant ça devenir des pions dans la géopolitique européenne ? À quel moment zappe-t-on que le droit à demander d’asile ce n’est pas une faveur, mais une obligation que doit honorer tout pays de l’Union européenne.
Je crois qu’il faut prendre conscience qu’on est à l’aube de l’impardonnable, et que la question de la banalité du mal est à nouveau très actuelle.
Il est l’heure de réentendre la parole d’artistes qui n’ont jamais mâché leurs mots, jamais lâché la lutte, qui ont toujours eu conscience de ce qu’avoir une parole publique voulait dire. Ce matin, on va donc entendre Colette Magny, musicienne, compositrice et grande poétesse française, qui a souvent chanté des poèmes d’Aragon, de Rimbaud, des textes politiques, contestataires, engagés.
Elle avait une voix qui ne s’oublie pas, un timbre profond, éraillé, singulier. Une voix dont elle se servait pour porter celles des autres. Pour les exilés de la dictature chilienne, pour les ouvriers, pour les révolutionnaires, les noirs américains, les marginaux, les camarades, et toujours contre le capitalisme. Parce qu’après tout, c’est toujours une affaire de lutte des classes.
Colette Magny a notamment chanté un morceau qui s’appelle “J’ai suivi beaucoup de chemins” et qui, à sa manière, raconte l’exil, en donnant une singularité et un visage à ces hommes et ces femmes qui le peuplent.